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Du feuilleton aux téléromans aux carnets

Martine Gingras

Ma table de lecture se faisant désespérément vide, une bonne âme s’est mise en charge d’y empiler quelques bons romans, notamment Club Dumas, de Arturo Pérez-Reverte. Vingt-cinq pages de lues seulement et je sais déjà que ce suspense pour lequel il vaut sans doute mieux s’être gavé au préalable de l’oeuvre d’Alexandre Dumas (je m’en suis gavée au préalable, des incontournables mousquetaires à Vingt ans après en passant par le Vicomte de Bragelonne et plusieurs autres quand j’étais ado, plus quelques relectures depuis lors de mes «insomnuits».)

Un paragraphe lu en train tout à l’heure a retenu mon attention:

«Presque tous ses romans ont été publiés de cette façon, en feuilletons, avec la mention Suite au prochain numéro en bas de page. Et le public attendait le coeur battant le chapitre suivant… […] Dans le feuilleton type, la clé du succès est simple: le héros ou l’héroîne possèdent des vertus ou des traits qui obligent le lecteur à s’identifier à eux… C’est ce qu’on retrouve aujourd’hui dans le feuilleton télévisé. Mais imaginez l’effet produit, à une époque qui ne connaissait ni la radio ni la télévision, sur une bourgeoisie avide de surprises et de divertissement, peu exigeante lorsqu’il s’agissait de qualité formelle ou de bon goût… C’est ce qu’avait compris le génial Dumas qui fabriqua au moyen d’une savante alchimie un véritable produit de laboratoire: quelques gouttes de ceci, un peu de cela, plus du talent. Résultat: une drogue qui faisait de vous un esclave – et je me montrai du doigt, non sans orgueil. Qui en fait encore.»

Est-il bien question de feuilletons du milieu des années 1800? Je ne peux m’empêcher de faire un parallèle avec certains carnets très personnels, où les traits invitant à l’identification, surtout lorsqu’ils sont doublés de talent, expliquent certainement la curiosité et l’intérêt avec lesquels on recharge la page du fureteur le coeur battant pour connaître… la suite au prochain numéro.

Maudite drogue!

Mise à jour: quelques minutes avant que j’écrive ceci, une autre Martine écrivait cela, démontrant bien mieux que moi toute cette belle théorie!