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D’Espelette à Lanaudière: le piment de Sainte-Béatrix

D’Espelette à Lanaudière: le piment de Sainte-Béatrix
Martine Gingras

On ne raconte pas l’histoire du Web québécois sans consacrer quelques paragraphes, voire un chapitre, aux Chroniques de Cybérie. Dès 1994 et jusqu’en 2003, Jean-Pierre Cloutier partageait ses découvertes et faisait une revue des actualités du Web dans ce bulletin hebdomadaire.

Jean-Pierre avait eu de bons mots pour moi alors que je faisais mes premiers pas dans le cyberprespace. À sa comparse Mychelle, je dois l’une des plus belles photos qu’on ait prises de moi à l’époque, que j’affichais d’ailleurs en «Une» de mon site.

On s’est un peu perdus de vue au fil des années… mais avec le Web, on est toujours à un clic d’avoir des nouvelles. J’en ai eu de bien belles, il y a quelques jours, et pas que par courriel: elles étaient présentées dans une jolie fiole:

piment_de_sainte-beatrix

Leur nouvelle aventure: ils se sont installés à Sainte-Béatrix, dans la région de Lanaudière, où ils cultivent un fameux piment: le Capsicum annum L. var ‘Gorria’ N’écarquillez pas les yeux, vous le connaissez sans doute déjà, mais sous un autre nom: le piment d’Espelette. Cette appellation en est une d’origine contrôlée (AOC): si on sème une graine d’Espelette ailleurs qu’en pays Basque, le plant doit porter un autre nom. On l’appelle simplement Gorria… ou, pourquoi pas, Sainte-Béatrix, si c’est là qu’on le cultive! De fait, il n’y a pas que la génétique qui détermine la saveur d’un fruit: le terroir compte aussi pour beaucoup. Le sol, l’ensoleillement, le vent, la température, le procédé de séchage: tout ça façonne le caractère du piment d’Espelette outre-mer… et maintenant, celui du piment de Sainte-Béatrix à Lanaudière.

Pour m’être essayée sans grand succès à la culture du piment Gorria ces dernières années (je vous parlais de mes frasques en débutant mes semis il y a quelques mois), les «Cybériens» avaient déjà toute mon admiration d’avoir osé se lancer dans une telle aventure. Et encore plus maintenant que j’ai goûté le fruit de leur labeur.

Quand j’ai voulu conserver les miens, j’ai eu recours au déshydrateur, mais je n’ai jamais réussi à bien doser le temps de séchage: je prolongeais, craignant qu’un fond d’humidité compromette la conservation… et mon piment y perdait en couleur et en saveur.

Avec le piment de Sainte-Béatrix, rien de tel. La couleur vive des flocons ajoute une touche décorative qui met en appétit… et quand on y goûte, c’est la joie! On découvre d’abord distinctement le sucré, puis le piquant caractéristique du piment, et on garde longtemps en bouche le mariage savoureux des deux.

J’ai utilisé les jolis flocons à toutes les sauces ces derniers jours: avec les tomates, sur l’omelette, en vinaigrette, en mayonnaise, dans les pâtes… j’ai déjà passé le quart de la fiole. Ma plus belle utilisation du piment jusqu’à présent: un gravlax de saumon épicé.

trois_recettes_piment-sainte-beatrix

Pour vous procurer le piment de Sainte-Béatrix, consultez la liste des points de vente sur le site des producteurs. Aussi disponible dans la boutique virtuelle Terroirs Québec.

Commentaires

  1. Quelle heureuse nouvelle!
    Alors qu’au début du printemps, je me promettais de planter du piment d’Espelette… la vie s’est vécue sans remplir cet objectif! Eh oui, ça arrive.. et trop souvent! No comment. J’ai semé d’autres piments, mais pas celui-là. Je suis presque contente de lire que ça n’a pas fonctionné chez toi; ça me console presque!
    Ceci dit.. je lis que ton piment de Ste-Béatrix est disponible aux Mercredis… ben voilà; pas besoin de le semer moi-même; suffit de le cueilir aux mercredis! C’est pas beau ça peut-être?
    J’oublie que je songeais le faire moi-même… « J’ai dit ça moi »? Mais non; je vais aux mercredis! ;-)
    J’irai demain! Ainsi qu’aux fromageries que je veux revisiter demain.

  2. Quelle belle intiative… je vais essayer de m’en procurer!
    J’aime beaucoup encourager les gens de chez nous.
    Je referais bien mes macarons choco-espelette avec leur piment.
    WOW!

  3. Alain Roy

    wow, je vais en acheter la prochaine fois que je fais un saut au Fouvrac. merci de l’info Martine. j’aimais bien les chroniques de cybérie moi aussi ;-)

  4. Chibi Sylphe

    Oh je ne connaissais pas la boutique virtuelle du Terroir du Québec, quelle belle découverte! Merci!

  5. Merci de ces bons mots Chibi Sylphe. Je travaille fort pour avoir de nombreuses découvertes qui sont produits à travers le Québec.

    Les piments de Ste Béatrix sont un bel exemple des merveilles qui se cachent à travers nos régions et dont nous n’avons rien à envier à la France par exemple.

  6. Quel adon! Je reviens justement du marché avec une petite fiole du Piment d’Espelette de Sainte-Béatrix, et je visitais votre site à la recherche d’inspiration pour l’utiliser au souper… on pourra dire que je suis bien tombée!!!

    Le gravlax de saumon est visuellement appétissant avec les petits flocons rouges! Belle idée!

    • Dites donc, dame obsessive… c’est que vous devenez une habituée… va falloir commencer à se tutoyer! On n’a pas élevé les cochons ensemble, mais on cuisine au Sainte-Béatrix en même temps ;-)

      • Bien d’accord pour se tutoyer!

        Et c’est vrai qu’il est délicieux le piment de Sainte-Béatrix! Wow!
        J’aime mieux le cuisiner qu’élever des cochons, ça c’est sûr!… ;)

  7. Nicolas

    Si je puis me permettre, il pourrait être intéressant d’en mettre un peu à mariner dans de l’huile d’olive. dans ce cas il est même envisageable d’y ajouter quelques herbes… un vrai régal.

    je suis surpris que vous n’ayez pas réussi à obtenir de piments… Chez nous (en France) le piment d’espelette se trouve dans des conditions climatiques chaudes. dans des régions plus fraîche il est souvent conseillé de le cultiver en pot. Il semblerait même possible de le conserver 18 mois en le rentrant pour l’hiver (à vérifier). En tout cas chapeau bas aux producteurs de Saint Béatrix.

    • Merci à tous et toutes pour vos commentaires.

      Pour ce qui est de l’huile, j’ai tenté l’expérience et le résultat est probant et délicieux. Dans une salade, comme attendrisseur de viande (avec de l’huile de pépin de raisin), ou encore l’éloge de la simplicité, versée sur des pâtes fraîches avec un peu de sel.

      Côté culture, c’est vrai que le piment aime la chaleur et l’humidité. Nous cultivons en serre, mais en culture extérieure au Québec c’est plus risqué. Le piment est très vulnérable à un excès d’eau qui engorge les racines et bloque ainsi la circulation des minéraux essentiels à la croissance et à la fructification (on parle d’asphyxie racinaire).

      En fait, de tous les problèmes de culture, la plupart sont liés à l’eau (arrosage trop tôt en journée, arrosage irrégulier, variations subites d’humidité, mauvaise coordination d’arrosage et d’évapotranspiration, etc.)

      Bon, déjà l’heure d’aller à mes piments.

      Au plaisir,

      • Nicolas

        Jean-Pierre si vous êtes le producteur de piments de Sainte Béatrix félicitations !

        en ce qui concerne les problèmes d’asphyxie racinaire j’ai vu quelques résultats probants en utilisant des stimulants racinaires (hormones, biostimulants…)sur des crucifères. Sur ces productions l’asphyxie peut engendre une hernie de manière directe ou indirecte.

        Dans le cas d’utilisation de biostimulants (au sens physiologique) vous devriez pouvoir augmenter l’assimilation des éléments minéraux mais vous observerez également des piments plus « forts ». L’intervention sur le métabolisme primaire se répercutera aussi sur la teneur en capsicine.

        je souhaiterais savoir si en serre vous arrivez à faire deux productions successives. C’est une chose que je n’ai pas pu encore observer de mes yeux mais dont j’ai entendu parler.

  8. Les seuls biostimulants que nous utilisons sont des purins végétaux et des thés de compost, voir ici pour les thés :

    http://cyberie.qc.ca/jpc/2008/07/cest-lheure-du-th.html

    Le tout est bio, évidemment.

    Chez le piment, le symptôme le plus visible de l’asphyxie racinaire est la nécrose apicale (aussi appelée pourriture apicale) qui se manifeste par la dégradation d’un fruit habituellement en son extrémité ou dans la partie inférieure.

    Comme le plant manque de calcium et de magnésium pour les raisons citées plus haut, c’est un peu comme s’il décidait de lui-même de sacrifier un de ses fruits pour y puiser ces minéraux. Il y a rarement plus d’un fruit atteint de nécrose apicale sur un même plant.

    Pour ce qui est de deux productions successives, ce serait possible en serre au Québec, mais les coûts de chauffage hors saison (environ 100$ par nuit où le chauffage s’avère nécessaire, chauffage au propane) seraient prohibitifs.

    Cependant, comme le cultivar gorria semble indéterminé, on pourrait allonger la saison de production jusqu’à ce que la température nocturne oblige de chauffer.

    L’an dernier nous avons cessé de récolter autour du 15 octobre, et j’ai l’impression que nous aurions pu prolonger la saison de quelques semaines.

    • Nicolas

      le thé de compost est une pratique peu courante dans nos vieilles contrées européennes. Avez vous déja recherché la présence d’acides humiques ou fluviques dans ces macérations ? si leur présence est confirmée vous tenez le principe actif du bio-stimulant.
      je travail régulièrement avec des extraits végétaux. je dirai que dans ce cas c’est plutot un effet azote (surtout si vous manipulez l’ortie).
      A mon avis si un seul et unique fruit est atteint le prix du traitement (je pense à d’autres solutions bio) dépassera largement le coût du piment perdu; vous vous trouverez surement sous le seuil d’intervention. une approche mécanique via le travail du sol sera certainement la meilleure solution. chez nous il ya de nombreux travaux conduits dans ce sens en pré et post plantation.

      c’est vraiment dommage que je soit à l’autre bout de la planète

  9. Nicolas écrit : « le thé de compost est une pratique peu courante dans nos vieilles contrées européennes ».

    Je m’étonne, car le seul (ou à peu près) à en parler ici est Yves Gagnon.

    http://www.intermonde.net/colloidales/publications.html

    On trouve cependant de nombreuses références dans la documentation horticole étasunienne.

    Pour ce qui est des purins végétaux, c’est un livre français qui m’a mis sur la piste. « Purin d’ortie & compagnie, Les plantes au secours des plantes » de Bernard Bertrand, Jean-Paul Collaert et Éric Petiot, publié aux Éditions du Terran, ISBN 2-913288-65-0. Leur recette de purin de drageons (gourmands) de tomates, ou plutôt le produit qui en découle, est d’une efficacité redoutable.

    • Nicolas, Jean-Pierre, je n’interviens pas car votre échange dépasse largement mes compétences: je ne suis qu’une amateure passionnée, qui jardine en dilettante! Mais sachez que je suis enchantée que ce billet vous ait servi de point de rencontre: manifestement, il vaudra vous rencontrer, de ce côté de l’Atlantique ou de l’autre, un jour.

      Jean-Pierre, j’ai lu certains ouvrages d’Yves Gagnon, mais SURTOUT, j’ai visité son jardin, où il met évidemment ses principes de culture écologique en oeuvre… quel endroit magnifique et inspirant. Y es-tu allé?

      • Oui, l’an dernier en début de saison par un jour de pluie. Je dois dire que la morosité du temps ajoutait même au cachet de l’endroit, de ces sentiers qui nous mènent d’un espace à un autre, de ces accents parfois orientaux, l’ensemble, quoi.

        Je me suis aussi imaginé les heures de travail, au fil des ans, qu’il a fallu pour aménager cet espace.

        Je me suis aussi procuré « l’ensemble de l’œuvre » de Gagnon, ce qui m’est d’une aide précieuse pour tout.