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Toute bonne chose a une fin

Martine Gingras

L’offre et la demande. Le lait coule et bébé boit. Bébé veut boire et le lait coule. Ça semblait magique et mystérieux. Comme bien des futures mamans, j’anticipais l’allaitement maternel avec un mélange d’excitation (j’avais hâte!), de doute (et si je n’aimais pas ça?), de craintes (et si je n’y arrivais pas?), et d’espoir (si j’y arrivais, pourrais-je tenir au moins six mois, comme le recommandent actuellement les spécialisssses?)

En prévision de l’arrivée de bébé, j’ai assisté à une clinique d’allaitement, j’ai lu et relu le petit livre de l’Hôpital Sainte-Justine sur L’allaitement maternel. Je me sentais plus comme une étudiante préparant un important examen pratique que comme une maman s’apprêtant à faire ce que font les mamans depuis la nuit des temps!

Puis Fanny est née. Je me souviens de ses premiers boires, qui tenaient plus de séances de lutte que des belles images d’allaitement les yeux dans les yeux qui tapissent les livres destinés aux nouveaux parents: elle serrait ses petits poings si fort contre sa bouche qu’il me fallait toujours solliciter une deuxième paire de mains pour qu’on m’aide à éloigner ses bras alors que mes miennes de mains étaient occupées à positionner mon sein et sa tête! Aucun de mes livres de référence ne faisaient référence à la deuxième paire de mains…

N’empêche, une fois bébé en place, j’y arrivais. Nous y arrivions. Et de mieux en mieux. Je me souviens encore de l’infirmière qui, en me voyant allaiter dans les premières heures, m’a rendue si fière en me lançant: «C’est votre deuxième bébé?», laissant entendre que j’allaitais comme une vieille pro. Je me dis aujourd’hui qu’elle était une fine psychologue qui avait su exactement quoi dire pour me rassurer et m’encourager à continuer.

Au retour à la maison, loin de ses encouragements, j’étais moins sûre de moi. Autour de ma chaise d’allaitement, des feuilles d’explication, que je tournais en tous sens pour essayer de comprendre comment j’avais déjà réussi, avec la poupée du CLSC à faire la &%?/(%& de posture du ballon de football. Et j’avais de ces courbatures! «Si vous avez mal, ce n’est pas normal», lisais-je, alors j’essayais d’améliorer la position, tout en surveillant les signes de la faim, en évaluant si la bouche prenait bien toute l’aréole, en écoutant si la succion était bonne et en changeant les feuilles de chou destinées à soulager mes seins engorgés par la montée de lait… Je me sentais ridicule de m’attarder à autant de détails techniques pour faire ce qui devait pourtant être naturel et instinctif, et en même temps, je me disais que le nombre de mamans qui abandonnent l’allaitement est bien la preuve que ce n’est pas si simple.

Puis les jours, les semaines ont passé. La lutte a cessé, les douleurs sont disparues, les techniques se sont transformées en habitudes. Les feuilles de chou sont parties au compost, le coussin d’allaitement est allé dans l’armoire et le ballon de football a été relégué aux oubliettes. Et peu à peu, l’allaitement s’est transformé en une vraie belle relation avec ma fille. Un moment juste à nous, en dehors du temps. Un moment qui, pour les observateurs externes, devait bien ressembler à ces images qu’on voit dans les livres…

Fanny 8 mois en train de boire

Puis ce sont les mois qui ont passé. À six, j’ai eu une pensée pour les spécialisssses. Autour de moi, on commençait à me demander jusqu’à quand je comptais allaiter. Compter? Je ne comptais pas. Je ne comptais plus. Les mois passaient, et ça allait si bien que ça semblait bien plus compliqué d’arrêter que de poursuivre. Elle acceptait d’ailleurs aussi bien le biberon, le gobelet, que le sein (avec une nette préférence pour ce dernier, quand même) ce qui a grandement facilité le retour au travail. Je ne voyais donc ni urgence, ni nécessité, ni raison d’arrêter.

Vers 13 mois, j’ai pensé ne garder qu’un boire, celui du matin. Mais après quatre matins, mon sein semblait vide, la petite pleurait, tétait sans succès, redemandait et abandonnait… Par un heureux hasard, ma marraine d’allaitement a choisi ce soir-là pour me téléphoner, et à l’écoute de mon histoire, m’apprit une règle méconnue de l’allaitement: sans un minimum de deux boires par 24h, la source se tarit peu à peu. «Tu es en train de sevrer ta fille. Sois tu augmentes la cadence, soit tu te prépares à arrêter…»

Arrêter? ARRÊTER? Comment mon doux pourrait-il lui couper les ongles, s’il ne pouvait plus compter sur le moment du boire pour le faire? Plus sérieusement, je n’étais pas prête, ni la petite, et je le sentais. Alors j’ai augmenté le nombre de boire, et comme par magie, le lait a recommencé à couler, tout naturellement.

Il a coulé ainsi pendant deux autres mois et demi. Il coulerait encore si je le voulais. Si la petite le voulait. Mais depuis quelques temps, je sens que les choses ont changé. Le soir venu, elle ne demande plus le sein (ai-je dit «demande»? disons plutôt qu’elle avait l’habitude de l’exiger, de le revendiquer… bref, ses souhaits ont toujours été très clairs) — elle ne le demande plus, dis-je, c’est moi qui le lui offre.

Alors hier soir, j’ai décidé de profiter du momentum. Avec un gros pincement au coeur, c’est un gobelet que j’ai offert. Elle n’avait ainsi eu qu’un boire dans la journée. Il en sera de même aujourd’hui. Et demain. Et ainsi de suite, jusqu’à ce que la source soit tarie, et que je me rende à l’évidence: ma fille sera…

vais-je vraiment réussir à écrire le mot?

…sevrée.

Commentaires

  1. Ouch…dure étape. Ça fait des mois que j’y pense mais ne fais que peu pour que ça arrive. Courageuse va!

  2. J’avoue qu’hier, je ne réalisais pas trop ce qui arrivait, mais en donnant le sein, ce matin, la réalité m’a rattrapée. Ça ne parait pas à la lecture, mais j’ai pleuré à chaudes larmes en écrivant ce billet…

    Courageuse? Hum, je te connais mieux que je connaissais l’infirmière, alors je sais que c’est en fine psychologue que tu me dis ce que j’ai besoin de lire! ;-) Merci.

  3. ouh là là, quelle étape à franchir! Je t’admire beaucoup, moi qui n’a pas pu allaiter. Je me suis pourtant tellement battue pour que ça fonctionne!

    Ta petite puce fera un autre pas vers l’autonomie bientôt, et ça brise toujours un peu le coeur de la maman!

    Effectivement, tu es courageuse d’avoir offert ce précieux cadeau à ta fille si longtemps! Sèche tes pleurs, belle Martine, tu as réussi où tant de mamans ne se sont pas rendues! Tu as de quoi être fière de toi! :-)

  4. Julie

    Bonjour Martine
    Comme toujours ta plume me séduit, mais cette fois je t’ai accompagnée en pleurs. Peut-être parce que j’ai les émotions et les hormones à fleur de peau, peut-être parce que ma puce sera rendue là elle aussi éventuellementou encore parce que la ressemblance entre ta fille sur la photo et ma fille est assez frappante. Bref, tu m’as vraiment touchée et émue.

    Pour avoir passé par cette étape 3 fois, je sais combien il est dur de faire le deuil de ce moment précieux.Tout comme l’accouchement est la fin de la grossesse, la fin de l’allaitement est une nouvelle étape pour nous et l’enfant. Mais je tiens à te féliciter pour cet acte d’amour et de don de soi. C’est pas rien allaiter son enfant aussi longtemps, faut en être très fière.

  5. MamanPrincesse

    Si tu as pleuré à chaudes larmes en écrivant ce billet, moi j’ai fait de même en le lisant! Mon bébé arrive à 6 mois et je me souviens en souriant du temps où je me disais que j’allais ESSAYER de me rendre à 6 mois… L’allaitement est quelque chose de tellement naturel, de tellement tendre entre moi et mon fils que je n’ose imaginer le moment où je serai rendue à l’étape où tu es. Par contre, on sent dans ton récit que cette étape sera franchie dans une grande sérénité puisque tu as attendu d’être prête, et que ta fille le soit également. Chapeau!

  6. Cathy

    Je comprends tellement le chagrin que vous avez en fesant le sevrage de vos bébés. Moi j’ai allaité Gabriel pendant 11mois et demi et j’ai dû arrêter brusquement à cause du retour au travail (je travail en laboratoire). Imaginer quand j’étais enceinte, je trouvais tellement bizarre de me voir allaiter. Mais j’ai tombé en amour avec cette acte et je peux dire un privilège. J’espère que je pourrai allaiter le prochain aussi longtemps et peut-être plus, on verra ce que le destin va nous réserver. Alors je dis bravo à toutes les mamans qui allaite leurs petits poussins.

    Cathy une maman fière de son garçon de 21 mois

  7. Bergamote

    Superbe. Cette photo est superbe. Vraiment. Vraiment vraiment.

    Ce que tu as fait est déjà énorme : pour moi, la source s’est tarie d’elle-même à 3 mois et demi (pour ma fille) et à 2 mois (pour mon fils, et encore, pendant ces deux mois je tirais mon lait qu’il buvait ensuite au biberon, j’ai persévéré parce que j’avais lu que « les cellules du cerveau de Bébé s’agencent mieux s’il est allaité », sinon j’aurais abandonné). Bravo.

  8. Que dire, sinon que je t’envoie plein de bisous. Comme les voisines l’ont dit, c’est une nouvelle étape. En lisant le billet, j’imaginais tes larmes, ta tristesse, je la partageais, moi qui ne suis pas une maman mais qui rêve d’être aussi formidable que toi, quand j’aurai ce beau cadeau de la vie.
    Je pense fort à toi ;)

  9. Pour avoir souvent observé en pédiatrie des enfants ayant été allaités et d’autres ne l’ayant pas été, j’ai effectivement remarqué avec quelle tendresse les bébés allaités touchent leur maman, le lien qui existe entre eux deux, etc. C’est vraiment très beau.

    Et ce qui est bien, c’est que les avantages restent pour la vie :) Ce contact rassurant que tu lui as offert avec régalarité va lui offrir une belle base pour lancer son existence !

  10. Liara

    Premier vrai chagrin de mère… Le deuxième, c’est quand le petit dernier n’a plus besoin de couches. Tout une page de l’histoire familiale qui se tourne. J’ai allaité mon premier bébé 11 mois et un soir elle a refusé le sein et tous les autres jours. J’ai tellement pleuré. Je n’y était pas assez préparée. Au 2e, quand il a commencé a refuser le sein, à 13 mois, un soir, je me suis dit: »c’est de cette tétée qui s’en vient dont je veux me souvenir, alors pendant que le petit buvait, inconscient du drame qui se jouait, j’ai enregistré dans mon esprit tous nos gestes, mon fredonnement de chansons, son contentement, sa petite menotte sur ma peau. Scusez-moi, je ne vois plus l’écran…

  11. Zab

    Je ne sais pas quand Leïla (14 avril 2005), la jumelle de Fanny, décidera de mettre un terme à un allaitement qui dure déjà depuis près de 16 mois. Je sais que ça me fera plaisir de ne plus avoir à jouer les discrètes en public. Mais je sais aussi que :

    – malgré ses tortillements de gamines maintenant;
    – malgré son désintérèssement graduel généré par tout un monde de découverte autour d’elle;
    – malgré l’exclusivité que ça impose;

    je serai nostalgique.

    Nostalgique de sa petite main qui tapote mon sein ou de ses caresses. Nostalgique de ce moment-juste-à-nous. Nostalgique de son sourire de lait quand je lui souris ou que je l’agace en la chatouillant.

    Mais pour être passée par là une fois déjà (avec sa soeur qui avait 12 mois à l’époque), je sais que ce qui vient sera rempli de façons de développer le lien mère-fille. :)

  12. ah ben là vous me faites toutes brailler. Moi qui n’ait pas connu ça… *snif snif snif*… j’aurais tellement voulu! :-(

  13. Guylaine

    Bonsoir Martine,

    C’était beau de te lire. C’est vrai que les premiers moments sont si difficile. Moi j’attends que le sevrage arrive, ce n’est pas entièrement ma décision, alors que bébé a eu deux ans en juin et qu’il est encore très « addict »! Mais c’est certain que quand le moment sera venu ce sera aussi difficile.
    G.

  14. zia

    Moi aussi je suis toute émue. Ce billet, si j’avais une aussi belle plume que toi, j’aurais pu croire que c’est moi qui l’a écrit il y a 7 mois. Merci pour ce beau voyage dans le passé, tu viens de me faire revivre une expérience que j’ai savourée et tellement appréciée.

  15. Petite larme… deux petites larmes… et trois et quatre, l’écran se brouille.

    Tu as très bien réussi à faire passer l’émotion qui t’étreint. Bonne chance pour traverser cette première séparation.

  16. Quel beau texte. Je me revois, il y a quelques années, pleurant à chaudes larmes quand ma puce a réclamé un biberon, à 14 mois. Quelqu’un l’a bien dit, c’est notre premier chagrin de mère. Et même si au fond de nous, il y a une partie de soi qui se sent « libérée », ça reste la rupture d’un lien unique. Non, je ne te sortirai pas l’habituel « tu lui as donné le meilleur de toi même »… tu le sais. Alors vis ton chagrin à fond, et une fois les larmes séchées, tu pourras voir un peu des beautés qui t’attendent alors que Fanny grandit en sagesse et en beauté.
    Bisous à vous deux!

  17. Oh lala Martine, ton message m’a fait pleurer à chaudes larmes! Je te comprend dont! Allez, gros calin et bisou

  18. Maud

    je suis de tout coeur avec toi.
    pour moi le sevrage a eu lieux plus tôt car j’ai repris le travail Jeanne avait 3 mois et elle a de suite refusé le sein aprés le biberon de mamie.
    cela fait maintenant + d’un an et j’ai encore les larmes au yeux quand j’y pense…
    Tu as eu de la chance de pouvoir lui donner l’allaiter aussi longtemps c’est merveilleux.

    Maman m’a donner le sein jusqu’a 2 ans et demi et cette relation est encore là aujourd’hui…Et je dirais qu’il est aussi important d’appendre a continuer cette relation priviligiée en trouvant d’autre instants magiques ( le co-dodo pour la sieste, la co-douche sont aussi des moments
    géniaux)

  19. Adie

    Bonjour,

    Ceux sont les larmes aux yeux que je vous écrit. Juste pour vous souhaitez bon courage et bravo pour ce que vous avez fait…En ce moment j’allaite mondeuxième (la première avait été allaitée 8 mois et je suis tombée enceinte, le lait dit-on change de gout et elle s’est sevrée toute seule… Elle est devenue la grande ?)
    J’espère que pour mon deuxième tout se passera de la même façon sans pleure…

    A bientôt

    Adie

  20. Marie-Chaton

    J’ai eu les larmes aux yeux…

    j’ai adoré allaiter, même si tout le monde autour de moi me disait que ca me libérerait de donner du lait en formule…

    C’est finalement avec une énorme tristesse qui était incomprise de mon entourage (pcq enfin pour eux, je me libérais) que j’ai du arrêter à 4 mois (moins de lait, bcp d’émotions liées à ma séparation, etc.).

    Ton petit billet m’a beaucoup touchée, surtout la photo, pcq ils m’ont rappelé combien il était doux ce contact privilégié avec son enfant…

  21. Fanny de Paris

    Ah la la, comme je te comprends ! Ma louloute de seize mois et demi tète désormait uniquement le soir, mais elle y tient encore beaucoup à son tétou câlin avant d’aller se coucher, j’espère avoir encore un peu de temps devant moi pour m’habituer à l’idée du … sevrage (yuck !)

    Bonheur de l’échange, du peau à peau, du regard aimant et un peu voilé, des petites mains qui s’accrochent, pincent parfois, tout cela est tendre et doux, et comme il va être dur d’y renoncer !
    Comme toi, je redoute le moment où pour ma fille, il sera temps de passer à autre chose. Mais cela signifiera que pour elle, le « autre chose » est désormais possible et nécessaire. Et qu’elle y sera arrivée un peu grâce à moi !
    Tu peux être fière de toi, le don du lait et de soi pendant tout ce temps est magnifique.
    Bravo et bonne continuation à toutes les deux !
    Fanny de Paris et Adèle, encore au nini pour quelque temps je l’espère ;-)

  22. Sylvie

    Bonjour Martine,
    Je vous lis depuis la naissance de mon fils août 2005 et je dois vous remercier pour tous vos billets.
    Durant cette année vous avez été ma « fine psychologue ».J’ai allaité Paul jusqu’à 6 mois, Monsieur a alors décidé que c’était assez.

    Maintenat j’arrive à lui couper les ongles lors du premier biberon le matin et devinez où sa petite tête ronde et chaude est posée durant cette délicate opération ?
    Contre mon sein voyons….

  23. Mamannie

    Ouf…moi aussi j’ai les yeux pleins d’eau.
    Martine, tu as touché mon coeur de maman. C’est tellement un grand geste d’amour que d’allaiter son enfant et tu le décris si bien. Merci pour ces beaux mots; ils me font beaucoup de bien…Bébé Louis a seulement 5 mois , mais mon tour viendra. Je réalise qu’il faut profiter de chaque seconde. Merci de me le rappeller…

  24. Elise

    Je continue toujours à allaiter mes 2 puces, mais je redoute ce moment où ce sera aussi la fin…

    Bravo pour ce bel allaitement.

  25. Ah, quand j’ai lu le titre de ton billet, j’ai tout de suite compris…

    Je n’ai jamais allaité aussi longtemps que toi. Je t’envie d’avoir allaité « pas obligée », i.e. même après que tu aurais théoriquement pu arrêter sans sentir que tu spoliais ton enfant de quelque chose. C’est alors purement du plaisir, d’un côté comme de l’autre, et ça doit être difficile de cesser.

    Cependant, et heureusement, la complicité mère/enfant ne se termine pas avec la rupture de ce lien physique! Plus Fanny grandira, plus votre relation s’enrichira d’autres échanges extraordinaires. En tout cas, c’est ce que je te souhaite!

  26. Jacinthe

    Ah! Que je te comprends! J’ai vécu le même gigantesque pincement il y a très, très longtemps. Et en DOUBLE puisque j’ai eu 2 enfants. C’est encore tout frais dans ma mémoire.
    Puis, ce même pincement s’est réveillé quelques années plus tard, lorsque bébé a commencé la maternelle. Puis, quelques années plus tard encore, lorsqu’elle a commencé le secondaire.

    Puis là, à la fin juin, le MÊME pincement a refait surface lors de sa graduation du secondaire. Elle s’en va au CÉGEP maintenant. Une belle grande fille sérieuse, responsable, heureuse, dynamique, ambitieuse, passionnée et tout et tout.

    Puis mon bébé. Je me suis reprise avec elle. J’avais mon bébé pour « diluer » le pincement. Mais, il revenait pour les mêmes raisons. Bébé commencera son secondaire dans un mois. Belle grande fille artiste dans l’âme, créative, sociable, impliquée, engagée, sérieuse et drôle en même temps.

    Mes deux trésors responsables de ces pincements… Pourtant, au-delà de ces pincements, il y a l’autonomie, la responsabilité, l’opinion, le chemin qu’elles tracent elles-mêmes, avec mon époux et moi derrière… Pour qu’elles soient heureuses.

    Lorsque pincement il y a, écris-moi. Car, plus les années vont passer, plus tu vas voir à quel point derrière chacun d’entre eux, il y a un grand bonheur de voir grandir et éclore ces belles fleurs….

    Bonne chance,

    Jacinthe

  27. Ouf, j’étais loin de l’ordi pour une journée au zoo avec la petite famille, et je n’en reviens pas de tous les encouragements que j’ai reçus ici en mon absence… Les histoires que vous avez si généreusement partagées à votre tour m’ont beaucoup touchée, aussi.

    Quelques nouvelles: nous en sommes à la quatrième journée de sevrage (oui, j’arrive à l’écrire sans larmes, ce matin), et ça se passe incroyablement bien… vos bonnes pensées y sont peut-être pour quelque chose!

    Le matin, il n’y a déjà presque plus de lait: après deux minutes, Fanny les a vidés! J’emmagasine des images et des souvenirs, car j’ai bien l’impression qu’on n’en a plus que pour quelques jours. Le reste de la journée, il lui est arrivé de vouloir le sein et de grogner un peu quand je lui refilait plutôt le gobelet, mais elle l’accepte finalement de bonne grâce.

    C’est drôle, aussi: j’avais lu que les bébés allaités longtemps sont souvent ceux qui se passent de doudou, et de fait, malgré tous les items de type « doudou » qu’on a mis sur sa route depuis des mois, elle n’en a jamais choisi. Et depuis quelques jours, elle se prend d’affection tantôt pour une couverture, ensuite pour une poupée qui doit la suivre partout, et puis hier, au zoo, on lui a offert un petit coussin-girafe dont elle s’était entichée (je ne suis pas pour l’achat impulsif de toutes les bébelles que bébé aime, mais je trouvais que le momentum était idéal pour aider à la transition!) J’ai bien l’impression qu’elle va s’attacher à l’un ou l’autre des items et en faire sa doudou…

  28. Vérouche

    Cette photo pourrait servir à promouvoir l’allaitement tant elle illustre bien le geste.

    Souris parce que ça a eu lieu, disait quelqu’un.

  29. Je ne connais pas les émotions décrites et ressenties, je n’ai pas eu le droit d’allaiter mes deux enfants.
    J’ai juste un petit pincement au coeur de ne pas avoir vécu cela. Puis je me dis que je vis de tellement belles autres choses avec eux. Alors tant pis pour l’allaitement. Mais je suis totalement sous le charme de cette photo. Les boucles de tes cheveux, l’oeil et le front concentrés de Fanny. C’est magnifique.

  30. isabelle paiement

    Bonjour,
    Juste une petite tranche de vie. Mon Émile a presque 13 mois, et depuis 2 mois maintenant, il n’a qu’une tétée par jour: celle du matin. Occasionnellement, il téte aussi dans le bain (toujours un must) ou encore quand il peine à dormir à cause de la chaleur. Mais en général, ce n’est que le matin. Et encore, parfois il en saute un quand il me préfère le gobelet. Et, contre toute attente, j’ai toujours du lait. Et pas mal à part de cela. Aucun problème de ce côté. Courage, Fanny trouvera peut-être un nouveau rythme, et ton corps aussi!

  31. Marie l'urbaine

    Chère Martine,

    quelle belle photo, quel texte émouvant, une fois de plus !

    Évidemment, ce sujet m’interpelle beaucoup (eh oui, je suis cette déboulonneuse de mythes ayant écrit un texte sur l’allaitement chez les Voisins en septembre 2005 :) ). J’ai allaité Léonard jusqu’à 13 mois et demi (je suis retournée travailler quand il a eu 8 mois, c’est papa qui est resté à la maison – je l’ai ainsi allaité deux fois par jour pendant 5 mois) avec un bonheur renouvelé. Mais vers 1 an, il ne tétait pas longtemps et s’intéressait à toutes sortes de choses autour de nous ! Alors finalement, doucement, « nous nous sommes sevrés » (on peut dire ça hein ;) !
    Ce qui me fait bien rigoler, c’est que j’ai ENCORE du lait ! Deux mois plus tard !

    :)

  32. Après les larmes de rire du blogue de Mère Indigne qui m’a conduit jusqu’ici, voici les larmes d’émotions… quel beau témoignage.
    Mon Miniloup n°3 va avoir 10 mois, et le sevrage n’est pas encore envisagé. Mais pour l’avoir vécu bien plus tôt pour les 2 précédents (3 et 4 mois), je sais combien c’est difficile.

    C’est très révélateur cette histoire de doudou !

  33. Didouchka

    J’ai des photos de ma face d’enterrement lorsque j’ai donné le premier biberon à fiston après des mois d’allaitement… On se détache…C’est ça la vie…Je sympatise avec toi Martine.

  34. valerie

    salut,
    j’ai lu ton billet avec emotion, ma fille aura deux ans la semaine prochaine et je ne nous voit pas arreter….il y a eu des hauts et des bas, des ras le bol et puis comme dit isabelle, on a trouver un autre rythme..après cinq jours sans tété il y a quelques semaines; j’ai cru moi aussi ce moment venu..puis elle a redemander a tt, et j’avais toujours du lait..depuis, c’est toujours tt à la demande: une tres longue au réveil avant le travail et la nounou..
    et des p’tites gouttes a volonté le reste du temps…
    pour elle pas de sucette, de doudou et elle est tres autonome et sociable..
    je te souhaite tout le bonheur avec ta fille et chaque allaitement est unique ;-)

  35. C’est magnifique ce que tu as écrit! J’en suis toute retournée! Mon fils s’est sevré tout seul à deux ans presque 1/2 lorsque j’étais enceinte et là j’allaite mon second. En trois ans, je n’ai pratiquement cessé d’allaiter, et j’ai l’impression de ne pas être capable de vivre sans! merci en tout cas pour ces jolis mots que tu nous a fait partager!

  36. Wow Martine, quel billet touchant. J’ai moi-même essayé d’allaiter… sans succès. J’ai trouvé cela très difficile, tellement que j’ai décidé de tirer mon lait durant 2 gros mois. 2 mois où je me suis levée 2 fois par nuit en même temps que mon chum qui allait donner un biberon plein de mon lait à ma pitoune. Je vois qu’un certain déchirement doit éventuellement se produire, par la force des choses… Garde le moral, tu as donné ce que tu croyais être le meilleur à ta petite Fanny!

  37. Moi aussi ca m’a fait drôle quand elle n’a plus voulu du sein, petit à petit… Ca me manque d’ailleurs parfois. Tu as eu la chance de l’allaiter plus longtemps que moi je n’ai pu le faire. Il faut se dire que c’est une étape obligatoire à franchir…mais c’est vrai que c’est dur. Courage ma belle!

  38. En fait, la mienne ne l’a jamais refusé, mais elle a cessé de le revendiquer avec insistance. J’ai donc voulu profiter du momentum, car je commençais à avoir envie de passer autre chose, même si j’adorais allaiter.

    Depuis la rédaction de ce billet, je l’ai donné aux 24h, puis aux deux jours… Et j’ai d’ailleurs encore allaité ce matin après un record de 4 jours sans! Ça donne un sevrage tout en douceur, autant pour elle que pour moi… :)

  39. Carat

    J’espère tellement que le sevrage de ma petite se fera en douceur… Plus pour moi que pour elle. Elle a 9 mois, et je commence à travailler le 1er novembre, alors je songe commencer à la sevrer en septembre, mais je ne me fais pas à l’idée, et plus septembre approche, plus je me dis que peut-être qu’octobre serait mieux… J’espère presque que ce soit elle qui rejette le sein, car moi, je ne sais pas si j’aurai la force de le lui refuser…
    Ton message m’a aussi donné une grosse émotion, car je vais vivre ca bientôt, et je te comprend tellement…

  40. Bonjour martine, je me souviens avoir suivi l’aventure de la naissance de ta fille avec émotion il y a déjà…. quelques temps !!!

    j’attendais moi-même mon bébé et…. 15 mois que j’allaite, comme toi, plein de moments se sont produits où j’ai pensé que c’était la fin… j’ai arrêté dix jours pour partir au bout du monde en amoureux avec son papa… au retour, je lui ai redonné le sein et… le lait est revenu ! encore maintenant, il arrive qu’il ne tête pas pendant trois jours (voyage professionnel) et au retour… hop, ça reprend !

    Je ne sais pas combien de temps ça va durer. mais je suis très touchée, au bout de plusieurs mois sans passer par chez toi (ouh la vialaine !) de te trouver dans des préoccupations si proches des miennes !

    Bon courage martine, je ne sais pas où me menera mon bébé… mais il faudra bien moi aussi qu’un jour….

  41. Geneviève

    La règle de 2 tétées minimum aux 24 heures n’est pas absolue mais aide plusieurs personnes voulant maintenir un allaitement mixte.

    Pour ma part, j’ai allaité le matin seulement pendant 4 mois au premier jusqu’à 17 mois et près de 3 mois au 2e enfant qui s’est sevré lui-même à 20 mois. Par contre souvent la production de lait diminue avec la diminution du nombre de tétée et plusieurs bébés ou bambins se désintéressent du sein quand il y a peu de tétées.

  42. OH là rien qu’à le lire j’en ai les larmes aux yeux. C’est un grand moment ça le sevrage. C’est marrant par contre mon grand j’ai pu l’allaiter encore chaque 3 jours quand il le demandait et puis un jour il n’a plus demandé.
    Le dernier m’a carrément repoussé à 12 mois. Ce fut plus dur pour moi que pour lui ;o)

  43. Courage Martine! Je te comprends tellement. Moi aussi j’apréhende ce moment. Zayd a un an déjà et je ne sais pas comment va se passer cette phase! Des larmes, il y en aura surement…

  44. klopk

    Je t’ai suivi toute ma grossesse sans jamais répondre, me satisfaisant de tes humeurs et les faisant souvent miennes. Xavier est né le 6 mai 2005, après une séparation douloureuse. Donner le sein dans ce contexte après une césarienne et toute seule, ce n’était pas facile, mais j’ai persévéré. J’ai goûté à la téterelle, mon fils perdant du poids tous les jours jusqu’à ce qu’une infirmière patiente vienne tous les jours à la maison pendant une semaine. Puis, j’ai dû tirer mon lait et le lui donner à la seringue parce qu’il n’avait pas développé le réflexe de succion… enfin, par magie, la toile s’est tissée et ma petite grenouille a fait tout le travail.

    Xavier m’a fait le coup plusieurs fois de se désintéresser du sein, j’ai pleuré chaque fois et miraculeusement, il retournait à la source et je réalisais ma chance.

    À 11 mois et demi, c’était fini… quelle tristesse ! J’ai vécu toutes tes émotions, je sentais une partie de ma féminité se transformer…

    Aujourd’hui, 5 mois plus tard, je produis encore du lait, incapable de mettre le même soutien-gorge dans la même journée, les seins gonflés et presqu’inutiles… ça vous arrive aussi ?

  45. Que de beaux témoignages sur l’allaitement! Je suis sûre qu’ils seront utiles à bien des femmes qui hésitent, et qui, dans un moment difficile, se demandent si le jeu en vaut la chandelle…

    klopk, non, de mon côté, on a réduit de jour en jour, et après le dernier boire, ça ne coulait plus du tout! J’ai réussi à en faire perler quelques gouttes en faisant la compression du sein, mais il a fallu bien des efforts…