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De l’apprentissage des mots nouveaux…

Martine Gingras

Retrouvailles typiques avec mes parents (qui gardent Fanny quand je travaille) au retour du boulot:

Moi: Est-ce qu’elle vous a dit «mot nouveau» aujourd’hui? Elle le disait beaucoup hier…
Ma mère: Non…
Fanny: «MOT NOUVEAU»! «MOT NOUVEAU»!
Moi: Tu as entendu? Elle vient de le dire!
Ma mère: Ah, c’est donc ça! Elle a dit «mot nouveau» souvent aujourd’hui, mais je ne l’avais pas reconnu…

Ou une variante des retrouvailles:

Ma mère: Fanny a dit «mot nouveau» aujourd’hui!
Moi: Ah oui? Elle est donc booooooonne! Et comment est-ce qu’elle dit «mot nouveau», pour que je puisse le reconnaître?

Si, si, vous avez bien lu: j’ai demandé comment. Car si on ne précise pas le comment, bien souvent, on ne reconnaît tout simplement pas le «mot nouveau» apparu dans le vocabulaire en notre absence…

Prenez «Ca», par exemple. «Ca» peut-être soit un canard, soit un chat, ou même une marmotte qu’elle prend pour un chat. Quand on le sait, et surtout, qu’on a le contexte, on peut comprendre de quoi il s’agit, et en parler ensuite avec elle: «Tu as vu un chat? Attends, on va l’appeler!»

De la même manière, «Ba» désigne autant le bain que la balle ou le ballon. «Euh» réfère autant à une vache (qui fait meuh!) qu’à du fromage (l’origine est moins évidente, mais histoire que toute la famille réussisse à se comprendre, le fromage s’appelle maintenant du fromag-euh chez nous).

Quant à ses grands-parents, elle les appelle «rrrrrrh». Ça semblait aussi mystérieux que le «euh», jusqu’à ce que ma mère m’explique qu’elle lui fait pratiquer les mots grand-maman et grand-papa, en insistant sur le «grrrr» qui les différencie de maman et papa. Alors quand elle s’adresse à eux, la petite dit «mama rrrrrrrrh» et «papa rrrrrrrh». Et pour parler d’eux deux, c’est tout simplement «rrrrrrrh».

Logique, mais encore faut-il qu’on se refile les infos sur les «mots nouveaux» qui apparaissent dans son vocabulaire pour comprendre ce qu’elle baragouine. On commence à avoir un glossaire plutôt exhaustif, dont on s’informe des ajouts au moment où on va la chercher ou lorsque mes parents viennent la prendre chez nous.

Et dire que, dans toute notre naïveté d’adultes, on pensait que c’est nous qui allions lui apprendre à parler…

Commentaires

  1. C’est tellement fascinant d’être témoin de l’apprentissage de la parole! Ça nous permet de prendre conscience de nos habitudes et de choses que l’on ne remarque pas sinon.

    Par exemple, une petite fille de mon voisinage nous demandait qu’on lui remette une troche, qu’elle pointait. Une troche? Oui! Comme dans petite/roche! Elle avait appris le mot roche en lui accolant en tout temps la liaison que l’on fait lorsque précédé de l’adjectif petite. :)

  2. C’est comme moi qui ai longtemps pensé que les acariens étaient en fait des zachariens (l’histoire ne dit pas si, dans ma tête, ils avaient la voix de Zachary Richard ;-))

  3. Marie-Chaton

    Oh mais que c’est drole l’histoire des « rrrrh » !

    C’est tellement mignon quand ils commencent à sortir des mots ou du moins c’est ce que l’on croit…

    Dans mon cas, on pense que ma petite dit « veut » quand elle pointe les objets… mais je pense qu’en réalité c’est juste un petit « Beuh »

    la mienne répète les tonalités… genre je dis : MaaaaaMaaaaaaaaan, elle répéte : taaaaarkeeeeeeen sur le meme air :) Je crois que j’ai mis au monde une petite Bulgare :))

  4. Didouchka

    Moi quand j’étais petite et que j’écoutais la chanson « Frédéric » de Claude Léveillé, j’entendais « Je me fous de MON DENTIER quand Frédéric me rappelle… »

    Le MONDE ENTIER était trop loin de ma petite réalité d’enfant :)

  5. Moi aussi! Et je te laisse imaginer à quoi ressemblaient les OURAGANS dans ma tête d’enfant… Ben oui. Alors que mes parents surveillaient avec inquiétude l’évolution des ouragans approchant de la Floride pendant nos vacances, j’étais pour ma part convaincue qu’ils craignaient une invasion d’une sorte d’ours à drôles de pattes: les OURS À GANTS…

  6. Didouchka

    Cool « Les ours à gants » :) J’vais m’en rappeler de celle-là.

    Et plus tard dans l’enfance il y a la subtile compréhension des mots.

    C’était en classe maternelle dans le cadre d’une discussion portant sur l’initiation à la sexualité.

    À la question « Qui est responsable du sexe des enfants, qu’est-ce qui fait qu’on est un garçon ou une fille? », Mon fils Colin, 5 ans à l’époque, avait répondu haut et fort à son professeur: « C’est Dieu…CAR IL EST IMPUISSANT ».

  7. Didouchka

    Je me souviens aussi de Simon qui se promenait avec sa maman le long de la rivière des prairies.

    Elle lui avait dit: « Simon, ne touche pas à l’eau, elle est POLLUÉE. » Et le petit Simon de demander: « Maman, c’est quand qu’elle va être LUÉE? »

  8. Didouchka

    Il y a le MOT NOUVEAU et il y a aussi les phrases nouvelles. Les phrases uniques que l’enfant ne dira qu’une seule fois dans sa vie (c’est pour ça qu’il faut les noter dans un petit cahier au fur et à mesure).

    La phrase nouvelle est simple. Elle contient un sujet, un verbe et un complément.

    Colin pointant le ciel gris: « Le tafon est sale » (le plafond est sale).

    Colin décrivant le son d’une sirène d’ambulance: « Maman, l’abulasse y plore » (Maman, l’ambulance, il pleure).

    Colin, Colinou, Colinus, mon fils, tendre et bel amour de ma vie qui a déjà treize ans.