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Suivre le guide alimentaire : un jeu d’enfant

Martine Gingras

On dit que tous les goûts sont dans la nature… mais s’il y a des frites dans un menu varié, quel aliment disparaîtra le premier de l’assiette de n’importe quel enfant? Bon. Tous les goûts ne sont pas dans la nature, en tout cas, pas ceux de la laitue et du tofu.

Vous me direz qu’il suffit de ne pas mettre les frites dans l’assiette, et évidemment, je n’en sers qu’à l’occasion à la mienne, mais remplacez les frites par n’importe quel féculent ou du fromage (ou du brocoli, dans le cas de Fanny, ce qui demeure un phénomène inexpliqué), et c’est ce qui disparaîtra en premier de l’assiette. Le reste? On goûte du bout des lèvres, on mâchouille sans conviction ou on refuse. Ou mieux : on en prend une bonne bouchée pour faire plaisir aux parents, et on recrache dignement.

Quelques solutions:
a) L’économique: Ne servir à l’enfant que ce qu’il aime pour éviter le gaspillage de bons légumes et viandes coûteuses.
b) La récompense: Négocier à chaque repas quelques bouchées de plus contre le droit à un dessert (vraiment idéal si on souhaite ancrer profondément dans l’esprit d’un enfant que le sucré est synonyme de plaisir et de récompense, alors que les plats principaux sont ennuyeux).
c) La privation: Même principe que la récompense: on menace de priver de dessert l’enfant qui ne termine pas toute son assiette. Mêmes effets aussi, avec en prime l’éventuelle incapacité de l’enfant de reconnaître ses signaux de satiété et de savoir quand il n’a plus faim.
d) L’incroyable-mais-vraie: Commander gratuitement une copie du Guide alimentaire canadien sur le site de Santé Canada et inventer un jeu d’association entre ce qu’il y a au menu et les groupes alimentaires.

guide_alimentaire_couleurs.jpg

Vous aurez vite compris que a), b) et c) sont des contre-exemples, mais pour le d), vous pensez que je délire ou que je donne dans les voeux pieux? Pas du tout. Il suffit de cesser de regarder le Guide avec des yeux d’adulte, tantôt coupables (hoooon, juste sur mes toasts, il y a la quantité maximale de matières grasses recommandées pour la journée ;-)), tantôt cyniques (avouons que les bonzes de la nutrition ne font pas dans la dentelle pour faire changer les habitudes alimentaires: on voit à peine la viande, le plat de pâtes est servi à moitié vide, alors que le boulgour, le quinoa, le tofu et les boissons de soya sont bien en évidence) ou encore critiques (j’avoue que j’ai les cheveux qui me dressent sur la tête quand j’y lis que «les femmes en âge de procréer (…) devraient prendre une multivitamine renfermant de l’acide folique chaque jour»… non, non, pas uniquement les femmes enceintes, qui pratiquent fort pour le devenir ou celles qui allaitent, mais bien «les femmes en âge de procréer»…) Mais je m’égare: revenons-en à ce que le Guide alimentaire canadien peut avoir d’amusant.

Quand elle l’a vu pour la première fois, le regard de ma fille de deux ans s’est éclairé devant l’arc-en-ciel de couleurs des groupes alimentaires et les petits dessins d’aliments du quotidien. À l’heure du repas, on l’a posé bien en évidence sur la table, en même temps que les assiettes. Puis on lui a expliqué que, pour être en forme et avoir l’énergie qui lui permettrait de jouer longtemps au parc ce soir-là, il fallait manger «un peu de tout», c’est-à-dire des aliments classés dans chacune des lignes de couleur. Et contre toute attente, elle s’est amusée follement à décortiquer le menu, à essayer d’associer le contenu de l’assiette aux ingrédients bruts pour s’assurer qu’il ne manquait de rien dans son assiette.

Et voilà, c’est tout: suivre le Guide alimentaire canadien est devenu chez nous un véritable jeu d’enfant. Pour l’enfant de la famille, du moins. Car maintenant, si on a le malheur d’oublier de le mettre sur la table, c’est elle qui insiste pour qu’on le sorte, et alors malheur à la maman si elle a cuisiné un plat où il manque de quelque chose. J’ose à peine imaginer ce que ce sera quand elle découvrira qu’il y a aussi des nombres de portions à respecter et que sa maman ne s’est jamais soucié de faire des maths à l’heure des repas (calculs de portions ou de calories n’ont jamais été au menu chez nous; on mise sur la variété et le plaisir).

Je n’irai pas jusqu’à vous dire que c’est magique et que même devant une belle portion de frites, elle insiste pour manger un peu de tomates… il ne faudrait quand même pas charrier! Il y a de ces soirs où maman oublie sciemment de mettre le Guide sur la table, et où la petite fait elle aussi semblant de l’ignorer. Après tout, est-ce que son alimentation serait vraiment variée sans un peu de friture à l’occasion?

Commentaires

  1. Super qu’elle prenne ça en jouant, mais je peux te prédire que ça ne fera qu’un temps !
    Si on part du principe qu’un enfant, ça ne se laissera pas mourir de faim, on est déjà pas mal « en business ».
    Ça fait déjà un bout que je ne compte pas les portions de mes 3 amours… ;0P

  2. Je trouve ça une très bonne idée! Ça ouvre les esprits, ça crée des discussions… super!

  3. …quand elle commencera à être tannée de celui-là, tu pourras toujours lui offrir le tout nouveau (vrai-de-vrai-là) guide alimentaire autochtone.
    On y trouve de la banique ! (Mon fils aîné est montagnais, alors j’ai lu attentivement le guide autochtone !)

  4. Chibi Sylphe

    C’est une superbe idée ca, beaucoup mieux que « Mange tes légumes sinon l’Ogre va venir te manger toi! » :) J’apprécie comment tu arrives à trouver des solutions pleines d’inventions sur des sujets qui me laisse souvent l’impression d’être devant un énorme casse-tête!

  5. Au bas de ton billet, une pub de slim-fast optima. C’est quelle couleur, le slim-fast optima ? Je rigole.

  6. "De l'autre côté de la planète"

    Quand j’étais petit, à l’école primaire, on nous avait présenté le Guide alimentaire, et je me suis mis à m’assurer que ce que ma mère mettait dans ma boîte à lunch comportait les 4 groupes. Je comprends ce que Renée-Claude veut dire, mais, bien utilisé, et dépendant du caractère de la petite, le concept pourrait s’incruster et rester là toute sa vie, qu’elle y fasse attention ou pas. :-)

  7. Tiens, tiens, le mien aime aussi les brocolis! Je crois qu’il fait une association avec la charmante Annie du même patronyme! Sans farce, chez nous, il a appris que trop de jus, ça fait tomber les dents, alors il demande du lait! Il a peur de perdre ses dents le petit! Bonne idée le guide alimentaire, je vais en commander un aussi!

  8. Tiens tiens… mais c’est une super idée ! Je me demandais justement quoi faire avec le bidule en question. Parce qu’entre toi et moi…une fois qu’on l’a lu… ça encombre plus qu’autre chose ;-)

    Au sujet des légumes, la mienne (là je touche du bois) adore les légumes en général pourvu que je la laisse manger avec les mains. Au diables les ustensils donc, c’est tellement meilleur un peu de folie…

  9. niala

    En passant Martine, mes neveux tuent leurs haricots verts en deux temps trois mouvements. c’est devenu Le légume vert winner pour ne pas se casser la tête. le brocoli aussi est apprécié mais moins que les haricots. par contre, la viande, aie aie, difficile de leur faire avaler ça autrement que dans de la soupe ou dans des sauces. mais leur père est tunisien… et il fait beaucoup de soupes hallucinante super complètes!

  10. Isabelle Jean

    J’en commande un tout de suite!

    Pour te réconforter, le brocoli est un élément de négociation chez nous aussi du genre: si tu manges un peu de viande, tu auras un autre morceau de brocoli. Évidemment, il faut qu’il soit cuit, sinon c’est « trop dur ». De plus, pas question d’utiliser autre chose que les doigts pour manger. Faut pas chercher à comprendre puisque mon garçon déteste avoir les mains sales habituellement!

  11. Ca y est, à cause de ton billet ;-) Santé Canada est en rupture de stock pour le Guide alimentaire. Il faudra attendre quelques semaines de plus pour le commander…zut!

  12. Leloup

    Pour ma fille (2 ans), c’est les légumes al dente, ou crus qui sont gagnants. Courgette crue, brocoli rapidement blanchi, poivron cru, asperge grillée.

    Ma blonde aussi s’est mise à manger plus de légumes depuis qu’on vit ensemble, parce que sa mère a toujours surcuit les légumes (entre-autre).

  13. C’est pas croyable tout ce qu’on peut commander sur les sites du gouvernement…j’ai un livre du festin de « Crucru » que mon fils adore, une série de brochures pleines de couleurs sur l’exercice…et je vais de ce pas commander ma version du guide alimentaire. Merci!

  14. Tiens, mon aîné avait fait la même chose avec un guide alimentaire trouvé dans la salle d’attente du médecin. Il était peut-être un peu plus vieux que Fanny. Oui, plus vieux car après décortiqué le guide dans tous les sens pendant je ne sais combien de repas il avait voulu retourner chez le médecin pour prendre un guide alimentaire destiner aux personnes souffrant d’ostéoporose !!

  15. JMartyne, je viens d’aller y jeter un oeil… finalement, c’est un mixte des deux qui serait plus proche de ce qu’on mange: dans le guide autochtone, on voit des crosses de fougères, et au moins, les poissons, crustacés et viandes ne sont pas cachés ;-) Par contre, la banique, connais pas!

    Tarzile, ils n’ont vraiment pas choisi leur place pour s’afficher, ceux-là…

    Monsieur de l’autre côté de la planète: je t’imagine assez bien dans ce rôle, tout jeune! Décidément, il va falloir qu’on trouve le moyen que tu prennes un avion vers Rosemère avant longtemps, vous allez vous amuser comme deux larrons en foire, Fanny et toi…

    Mijo, il n’est jamais trop tôt pour parer à l’éventualité de l’ostéoporose ;-)

  16. *La banique est le « pain » amérindien. C’est réellement délicieux. Un pain qui n’a pas besoin de cuisson au four, qui peut se préparer en toutes occasions, n’importe où (ou presque). La recette que je connais vient de l’arrière grand-mère de mon fils, une montagnaise de Mashteuiatsh. Elle est fabriquée avec de la farine, de la levure, du sel et de l’eau. Mamie enroulait la pâte autour d’un bâton et la faisait cuire sur le feu de camp. Je sais aussi qu’il lui arrivait de faire un trou à même le sol chauffé et de laisser la boule de pâte cuire dans le sable… À déguster seule ou trempée avec de la mélasse, du sirop d’érable ou, plus simplement, de l’huile aromatisée. :-)

  17. Marie

    Quelle belle façon d’inculquer à son enfant des connaissances en nutrition et ce, tout en s’amusant ! Je retiens le truc ! Je ne crois pas qu’il faille tout calculer et suivre des règles à n’en plus finir. Le secret d’une bonne alimentation est selon moi dans la qualité, la variété et la présentation des aliments mais surtout dans le plaisir ! Le plaisir de manger en famille et des petites gâteries occasionnelles aussi !!! Vivement un bon gâteau au chocolat cuisiné maison avec en prime le plaisir de lécher la spatule !!!

  18. Sophie

    Bonjour,
    depuis le temps que je lis ce blog, je me lance aujourd’hui à laisser un commentaire: je me suis moi aussi plongée dans les guides alimentaires pour donner à ma poupinette de bonnes habitudes, et je suis tombée sur une activité sur le site de Tête à modeler (j’aime bien ce site même si je n’aime pas trop l’idée de modeler la tête de nos bambins…)
    Voilà le lien: http://www.teteamodeler.com/vip2/nouveaux/decouverte/fiche217.asp

    Pour ajouter un aspect ludique supplémentaire (et en plus c’est super joli!)

    Bonne continuation

  19. Hé hé, Sophie, quel merveilleux site, non? J’avais déjà parlé de Tête à modeler quand j’avais découvert toutes ces belles activités l’été dernier… mais il est toujours bon d’en rappeler l’existence :-) Merci!

  20. Wow, elle a quelle âge encore ta belle Fanny? Mathilde a 20 mois bientôt et je me demande à chaque jour comment faire pour qu’elle ingurgite ne serait-ce qu’une portion de légumes! Les fruits, pas de problème! Des pâtes, amenez-en! De la viande, let’s go! Mais des légumes, c’est l’en-fer!

  21. Mamou, ne t’en fais pas! Fanny a maintenant 2 ans et 2 mois… et elle continue d’avoir des phases « zéro légumes »! Mais on a la chance qu’elle adore les jus de légumes, alors quand elle refuse d’en manger, elle finit toujours par en boire ;-)