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Habiller une «terrible two» en trois étapes faciles

Martine Gingras

Ha ha ha! Je vous ai bien eus, hein? Tout d’abord, on n’habille pas une «terrible two»: elle s’habille «toute seule». Ça ne se calcule pas en étapes, mais c’est plutôt un processus chaotique et irrégulier, ponctué de bonds en avant et de retours à la case départ. Et enfin, c’est loin d’être facile.

Petite mise en contexte… Quand le deuxième anniversaire est arrivé et que ma chouette ne s’est pas transformée en petite démone sur le douzième coup de minuit, j’ai pensé que le «terrible two» dont on m’avait tant parlé était un mythe, ou alors l’affaire du voisin (ou de la voisine ;-)). Un mois, deux mois, trois mois plus tard, tout allait si bien que mon doux ou moi, quand Fanny nous répondait un petit «non» timide, lancions à l’autre : «Viens viiiiiiiiiiite, tu vas rater son terrible two!» On était hilares. Naïvement, on pensait avoir été épargnés.

Jusqu’à ce que les «non» se multiplient. Qu’elle fasse l’inverse des consignes. Qu’elle brave les interdits. Qu’elle devienne capricieuse. Qu’elle teste les limites. Que, que… qu’on découvre ce qu’était vraiment le «terrible two». Banale scène de la vie quotidienne pour illustrer la chose…

Maman banlieusarde (calculant 30 minutes de plus que ce qu’il en faudrait normalement pour s’habiller): Vient, ma chouette, on va s’habiller…
Terrible two (sans lever la tête de ce qu’elle fait): Veux pas m’habiller.
Maman banlieusarde: Tu vas en pyjama à la garderie ce matin?
Terrible two (arrachant son pyjama): Nooooooon!

Elle enlève précipitamment son pyjama, qui arrache un précieux auto-collant qui tient par la peur sur sa main depuis deux jours, c’est la crise, on recolle l’auto-collant, on sèche les larmes, on revient à l’habillage.

Terrible two (nue et grelottante): Veux m’habiller avec papa.
Maman banlieusarde: C’est maman qui t’habille ce matin.
Terrible two (interprétant une tranche de bacon qui cuit par terre en hurlant): Non, c’est PAPA!
Maman banlieusarde (qui ne perd pas de temps à s’obstiner, sachant que le froid aura raison d’elle): Fais-moi signe quand tu seras prête à t’habiller.

Un acteur sans public, ça s’épuise vite, bien vite…

Terrible two (avec une toute petite voie mignonone): Maman? Maman, viens!
Maman banlieusarde: Tu as le choix entre cet ensemble-ci ou celui-là (juste avec cette phrase, je viens de vous éviter la scène de l’opposition au kit imposé par maman)
Terrible two (pointant son favori): Veux ça. Mais avec les autres bas.
Maman banlieusarde: Ceux-là?
Terrible two (faisant signe que oui, puis pointant des motifs anti-dérapants dessous): C’est quoi ça maman?
Maman banlieusarde: Ce sont des bidules anti-dérapants.
Terrible two (rêveuse) Roméo aime ça, les gudules anti-dérapants.

Un ange passe. La petite oublie pendant un moment de s’opposer à quoi que ce soit et maman lui enfile un chandail en catimini, tout en se demandant si on peut diagnostiquer un fétichisme du pied à un si jeune âge… Puis au moment de lui enfiler les bas anti-dérapants, le naturel revient au galop.

Terrible two: Non, maman, moi toute seule!

Mets les bas, le talon dessus, les enlève, les remets… elle finit par y arriver.

Maman banlieusarde: On va maintenant mettre la petite culotte…
Terrible two: Moi toute seule!
Maman banlieusarde: Évidemment… C’est bien… N’oublie pas de mettre la boucle à l’avant…
Terrible two (arrachant sa culotte déjà rendue à mi-chemin): Maman, dis pas ça!

Maman banlieusarde: Dis pas quoi?
Terrible two: La boucle avant! Dis pas ça! Moi capable toute seule.

Après cinq minutes de lutte épique avec la petite culotte, ça y est…

Maman banlieusarde: Bravo!
Terrible two (enlevant la culotte et la remettant): MAMAN, DIS PAS BRAVO!

Pffff. On peut enfin enfiler le pantalon. Elle y arrive presque d’une traite, sans aide…

Maman banlieusarde (machinalement): On place l’étiq…
Terrible two (redescendant le pantalon dans un accès de rage): Maman, dis pas la quéquette! Capable toute seule.
Maman banlieusarde: D’accord, maman ne dit plus rien

J’observe en silence le pantalon qui ne remonte pas aussi facilement que la première fois, qui tournoie, qui passe d’une jambe à l’autre, qui commence enfin à remonter, qui…

Terrible two (redescendant son pantalon): Mamaaaaaaan! Mets pas la tête comme ça!

À ce moment ou parfois bien avant, la maman banlieusarde lui dit de terminer seule et d’appeler si elle a besoin d’aide, ce qui survient généralement au bout de quelques minutes…

Terrible two (d’une petite voix adorable): Maman?
Maman banlieusarde: Oui?
Terrible two (encore plus charmante, si ça se peut): Peux aider? C’est dititile…

Une «terrible two», c’est ça. Une première crise d’adolescence. Une quête d’autonomie, où chaque épisode d’opposition aux parents est bénin. Drôle, même. Mais c’est lorsqu’on met tous bout à bout que ça devient exténuant.

Coupez le pain en triangle, elle l’aurait voulu carré. En carré, elle l’aurait voulu triangle. Finfinaude, offrez au préalable le choix entre le carré et le triangle, et elle exigera un cercle (je vous le jure).

Vous avez eu droit au détail de la scène de l’habillage. Je vous laisse imaginer l’épreuve du brossage de dents, les activités supposées amusantes qui finissent en catastrophe, l’impossible partage des jouets avec la petite soeur ou les amis, l’installation dans le siège d’auto où il faut l’attacher alors qu’elle se contorsionne comme si elle auditionnait pour le Cirque du Soleil… et on en a qu’une dans l’âge terrible!

J’ai souvent une petite pensée pour les éducatrices qui doivent gérer les relations entre huit adorables démons en même temps. Faut vraiment avoir la vocation!

Commentaires

  1. Quasi cauchemardesque pour quelqu’un qui n’a pas d’enfants encore comme moi, mais terriblement hilarant!

    Elle doit être tellement adorable au bout du compte!

  2. Bidou

    Je pourrais pleurer de joie ou de tristesse à te lire. C’est ma VIE que tu contes. Ma fille est exactement comme ça. Cela me fait tellement du bien de lire que je ne suis pas la seule. Je pensais avoir enfanté un monstre. J’en développe des boutons sur les fesse. Hier, justement, j’avais une conversation avec mon chum après que je me sois emporté un peu trop vite, un peu trop fort face à une crise da ma «terrible two»… je me disais que je ne l’aimais plus, qu’elle ne m’aime plus, que tout ce que j’avais pu vivre de mignon et doux avant ces heures sombres était vain, emporté dans un souvenir de chicanes…tout sera toujours aussi dur, etc., etc. Mélodrame, mais avec un fond d’inquiétude. Tu me rassures ce matin. Je vais donc être plus patiente encore et me dire que ça passe… enfin, j’espère!

  3. Marie-José

    Mpfffff~~~~mfppffff~~~ Pardon. À quelques jours de Noël, ce n’est pas très gentil de rire du malheur des autres… Mpfffff ~~~~ Mais hô! combien délicieux de te lire ce matin! J’ai eu peur, pendant un temps, que tes premières rencontres avec Merveilleuse merveille, qui était alors au sommet de son art de « terrible two », te marque à jamais. A tout le moins, ça pourra te servir de « benchmark » pour mesurer l’amplitude de celui de Fanny. T’en fais pas, du moment qu’on peut en rire – en direct ou en différé! – on s’en sort vivante!

  4. Allez, console-toi, ma première était un ange (est un ange), quant à mon deuxième, lui, c’est « terrible one » ET « terrible two » ET « terrible three »… Aaaaaaah !

  5. Tellement, tellement vrai ! :-D
    J’en suis à mon 3ème terribeul two, j’espère que ça passera avant que ma grande ne commence sa crise d’ado… j’ai besoin d’un peu de repos !!

  6. Maintenant je ris. J’ai eu moi aussi l’impression (ou la naiveté) que ma poulette passait par un léger terrible 2… Heureusement qu’il ne faut pas le prendre personnel, surtout quand ma poulette me dit : « Non, Chante pas Maman », « Non, pas toi Maman, Papa », « Non, veut pas de bisous »
    Je me sentais telleeeement rejetée… J’étais consciente du terrible deux, mais d’en parler et de le relire ca me rassure :)Merci ;)

  7. Natcho

    Que de souvenirs!

    Parce que, voyez-vous, mes poussinots ont maintenant 15 et 13 ans… alors je respire par le nez moi aussi devant le tango de l’autonomie et des sautes d’humeur. Et c’est trrrrrrrès dititile!

  8. Hahahahaha et ha !! ;) Très bon ton message, mais je dois te traumatiser : alors qu’on croyait avoir tout vu au « TerribleTwo », c’était de la petite bière ! Isaac vit une vraie de vraie crise d’ado. à 4 ans… S’il savait ce que veut dire « va ch… », il l’emploierait certainement ! ;) Bref, ce qui m’encourage et me motive à respirer et travailler ma patience, c’est que pire ils sont en bas âge, mieux est la crise d’ao. à ce qu’il paraît. Je me croise les doigts… Et merci au CLSC d’avoir offert des ateliers de discipline. Hourra les trucs !

    Amuse-toi bien. Je trouve que tu as l’air d’avoir pas mal le tour. Chapeau !

  9. C’est un sujet rassembleur le « terrible two », devienne qui va fêter un deuxième anniversaire dans les prochains jours et qui vit pour la 4 eme fois des scéances d’imitation de bacon, de contorsion pour la chaise haute, le siège d’auto, des crises pour le mauvais verre offert pour de l’eau mais qui voulait en fait du jus, bien non du lait…. Et dire que le tout se réprésentera dans à peine 14-15 mois….

  10. niala

    Tu sais ce qui est comique, c’est quand ta grande aura cinq ans et qu’elle habillera la terrible-two. C’est pissant. Mon neveu se charge d’habiller son petit frère… c’est réellement tordant de l’entendre se plaindre sur le manque de collaboration du « terrible-two ».

  11. Haa moi aussi je te dis merci… Ma fille est quand même pas trop pire présentement mais elle a commencé cela à 20-21 mois de manière aigue et ça descend tranquillement depuis, elle a maintenant 26 mois… Vive l’affirmation!

  12. Mouarfarfarf ! N’empêche, le terrible two, il a un mauvais timing de se pointer à l’hiver, négociation pour la tuque, le foulard, les bottes, le pantalon de neige, le manteau…. c’est looooooooong !

  13. Hihihi! Il y a aussi le « terrible three », les « fu%$ing four » et « fu%&ing five ». J’ai un neuveu qui a fait le deux, le trois et travaille le quatre avec ardeur!!! Bonne chance! (Si ça peut vous rassurez, j’ai été un MONSTRE de 1 à 6 ans mais j’ai été un ange à l’adolescence…)

  14. Tellement drôle car tellement vrai.
    Dommage que à l’époque pour mes deux loulous, je n’avais pas en tête d’avoir l’impression de voir un p’tit bout interprétant une tranche de bacon qui cuit par terre en hurlant car ça me fait tellement rire que je suis certaine que ça aurait fait mieux passer certaines crises !!!!

  15. Je dois quand même dire que ça s’est beaucoup calmé, depuis quelques temps, et qu’on a maintenant droit à des épisodes isolés et moins fréquents. Je ne pense pas que j’aurais pu en rire aussi franchement si j’avais encore les deux pieds dedans ;-)

    Mijo, l’expression me vient de la chroniqueuse du Patio, mentionnée dans le billet… je trouve que ça décrit TELLEMENT bien le mouvement!

    Pour ceux et celles qui auraient besoin de lire quelque chose qui les rassurera grandement sur la normalité de cette étape et aussi avoir des petits trucs pour la discipline (et aussi pour passer à travers!), allez voir le livre du Dr Green, dans mes coups de coeur de Maternité:
    http://www.banlieusardises.com/coups-de-coeur/

    Vraiment pas comme les autres ouvrages de grands spécialisssses du développement de l’enfant, ça se lit presque comme un roman…

  16. Il y a des jours où tout est sujet à la négaton. Et d’autres, plus calmes. Je me souviens de J’AI CAPABLE !!!!!!!!!! tonitruants. Ce sont ces épisodes qui font les plus beaux souvenirs. Une mer d’huile, qui le souligne ? Et des souvenirs, tu vas en avoir de pas mal beaux!!

    Joyeux Noël.

  17. Pour s’encourager, s’émerveiller mêm si quelquefois c’est plus difficile.
    ABC d’un terrible two ( tiré d’un site anglais)

    A is for Active -very active; Achieving; Accomplished; Aerobic; Amazing
    B is for Big hug – wonderful hugs with their whole body; Bright smiles;.
    C is for their Creativity, Caring, Compassion or Caution they can show at any time.
    D is for Determination ; Dependable; Daring; Delightful.
    E is for Enthusiasm, Excitability, Encouraging or Emotional roller coaster.
    F is for Fascinating ;Flexible; Fun.
    G is for Go, Go, Go! They’re GREAT;
    H is for “Hurry up! I need it now!”; Humor they bring ; Honesty.
    I is for Independent ; an Individual; Intelligent; Important
    J is for Jumping and Jiving; Joyful;
    K is for Kaboom! ; Kind; Knowing.
    L is for Lively; likeable; Loyal and the Love they give.
    M is for More ; Magical: Magnificent
    N is for Notorious for Noticing; Noisy;.
    O is for Observant; Owly; Outstanding; Optimistic.
    P is for Persistence, Power; Passionate and Priceless.
    Q is for the little Quirks that make them who they are; Quiet- sometimes; .
    R is for Resourcefulness; Rough house; Rare and the wonderful Relationship you form with your child.
    S is, of course, for Spirited – but also Sensitive; Sincere; Sympathetic; Special.
    T is for Tantrums; Trouble; Tactile; Tenacious and Terrific.
    U is for Unbelievably ‘MORE: Understanding- sometimes’!
    V is for Vivacious, Vocal; Vulnerable and Vigorous.
    W is for Willful but Wonderful; Warmhearted;
    X is for eXtreme – and EXTRAORDINARY!.
    Y is for Yowza!?
    Z is for Zesty and for Zany..

  18. nanoudai

    Merci, merci.
    On aurait cru que tu avais une fenêtre privilégiée sur notre propre maisonnée.
    Maintenant, on se sent beaucoup moins seuls et on songe à développer un stade de la « Terrible thirty », attacher bien vos tuques -tu seul !- les touts petits !

  19. Franchement, les enfants devraient passer directement de 2 à 3 ans sans la case 2 ans et demi…

    Et encore, là tu n’évoques que le « moi toute seule »!! Mais il ne faut pas oublier le début des cauchemards et le refus catégorique de dormir (« je n’ai pas sommeillllllllllllll » hurlé de 20 à 22h puis encore vers 2h15 du matin avant une folle cavalcade vers le lit de papa et maman).

    Merci pour ce billet, je me sens moins seule ;-)

  20. Bon ben, tout comme toi j’imaginais que le « terrible two » ne se produit pas inévitablement chez tous les enfants.

    Enfin, après avoir lu ton billet, je me dis qu’il faut s’attendre à tout avec ces merveilleurse petites créatures. Pour l’instant, après trois semaines de vie hors « utero » la petite Ariel est un vrai petit ange. Tous ceux qui on eu l’occasion de la voir et la prendre ont été stupéfaits de la sérénité qui se dessine sur son visage.

    Moi, j’espère que ça va se poursuivre longtemps. Bon elle ne fait pas ses nuits… de toute manière elle ne peut pas parce qu’elle doit manger, elle est trop petite… mais elle pleure rarement, elle chigne un peu et aussitôt qu’on la prend elle se tranquilise.

    J’ai dû mal à l’imaginer plus grande… mais j’ai pourtant hâte qu’elle ait 1 ans, puis 2 puis 3…

    Merci Martine pour ton petit message sur notre blogue…
    Nous te souhaitons de passer de Joyeuses fêtes avec toute ta famille!

  21. Hum, la mienne commence cette ronde pas toujours drôle. Depuis quelques semaines, j’ai l’impression qu’elle passe beaucoup de temps à délimiter mes limites! Et depuis quelques jours, je sens l’opposition qui monte et grandit avec elle! Un gros bec à Fanny la terrible! Bonne période des fêtes à vous 4 :D

  22. Mdr! Je reconnais bien ma Pupuce en plein dans le terrible two ici :-D

  23. monique

    Hilarant!
    surtout quand nos « terrible two » ont maintenant 28 et 19 ans. J’aurais bien aimé pouvoir lire quelque chose de drôle comme ça à cette époque.
    Martine, je tiens à te remercier de tout coeur pour ton site car depuis peu, je m’intéresse à tout ce qui concerne les savons artisanaux (c’est laid non?)
    et aux soins de beauté faits à la maison. Ton humour m’a inspirée et le nom de ma pseudo-compagnie est « Rose Poupoune ». J’ai même poussé l’audace de prendre une pièce de la maison (maintenant que mes « ex-terrible-two » n’occupent plus mon territoire)et d’en faire une savonnerie et compagnie afin d’éviter d’avoir deux corvées de vaisselle superposées. C’est psychologique et c’est surtout que je déteste la vaisselle!
    Je te souhaite tout le bonheur que tu sèmes et que mes souhaits rejaililisent sur tes amours de mari et d’enfants.