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Habiller une «terrible two» en trois étapes faciles
21 décembre 2007 | Martine GingrasHa ha ha! Je vous ai bien eus, hein? Tout d’abord, on n’habille pas une «terrible two»: elle s’habille «toute seule». Ça ne se calcule pas en étapes, mais c’est plutôt un processus chaotique et irrégulier, ponctué de bonds en avant et de retours à la case départ. Et enfin, c’est loin d’être facile.
Petite mise en contexte… Quand le deuxième anniversaire est arrivé et que ma chouette ne s’est pas transformée en petite démone sur le douzième coup de minuit, j’ai pensé que le «terrible two» dont on m’avait tant parlé était un mythe, ou alors l’affaire du voisin (ou de la voisine ;-)). Un mois, deux mois, trois mois plus tard, tout allait si bien que mon doux ou moi, quand Fanny nous répondait un petit «non» timide, lancions à l’autre : «Viens viiiiiiiiiiite, tu vas rater son terrible two!» On était hilares. Naïvement, on pensait avoir été épargnés.
Jusqu’à ce que les «non» se multiplient. Qu’elle fasse l’inverse des consignes. Qu’elle brave les interdits. Qu’elle devienne capricieuse. Qu’elle teste les limites. Que, que… qu’on découvre ce qu’était vraiment le «terrible two». Banale scène de la vie quotidienne pour illustrer la chose…
Maman banlieusarde (calculant 30 minutes de plus que ce qu’il en faudrait normalement pour s’habiller): Vient, ma chouette, on va s’habiller…
Terrible two (sans lever la tête de ce qu’elle fait): Veux pas m’habiller.
Maman banlieusarde: Tu vas en pyjama à la garderie ce matin?
Terrible two (arrachant son pyjama): Nooooooon!
Elle enlève précipitamment son pyjama, qui arrache un précieux auto-collant qui tient par la peur sur sa main depuis deux jours, c’est la crise, on recolle l’auto-collant, on sèche les larmes, on revient à l’habillage.
Terrible two (nue et grelottante): Veux m’habiller avec papa.
Maman banlieusarde: C’est maman qui t’habille ce matin.
Terrible two (interprétant une tranche de bacon qui cuit par terre en hurlant): Non, c’est PAPA!
Maman banlieusarde (qui ne perd pas de temps à s’obstiner, sachant que le froid aura raison d’elle): Fais-moi signe quand tu seras prête à t’habiller.
Un acteur sans public, ça s’épuise vite, bien vite…
Terrible two (avec une toute petite voie mignonone): Maman? Maman, viens!
Maman banlieusarde: Tu as le choix entre cet ensemble-ci ou celui-là (juste avec cette phrase, je viens de vous éviter la scène de l’opposition au kit imposé par maman)
Terrible two (pointant son favori): Veux ça. Mais avec les autres bas.
Maman banlieusarde: Ceux-là?
Terrible two (faisant signe que oui, puis pointant des motifs anti-dérapants dessous): C’est quoi ça maman?
Maman banlieusarde: Ce sont des bidules anti-dérapants.
Terrible two (rêveuse) Roméo aime ça, les gudules anti-dérapants.
Un ange passe. La petite oublie pendant un moment de s’opposer à quoi que ce soit et maman lui enfile un chandail en catimini, tout en se demandant si on peut diagnostiquer un fétichisme du pied à un si jeune âge… Puis au moment de lui enfiler les bas anti-dérapants, le naturel revient au galop.
Terrible two: Non, maman, moi toute seule!
Mets les bas, le talon dessus, les enlève, les remets… elle finit par y arriver.
Maman banlieusarde: On va maintenant mettre la petite culotte…
Terrible two: Moi toute seule!
Maman banlieusarde: Évidemment… C’est bien… N’oublie pas de mettre la boucle à l’avant…
Terrible two (arrachant sa culotte déjà rendue à mi-chemin): Maman, dis pas ça!
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