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Conservation des produits naturels

Martine Gingras

Note: Ce billet date de plusieurs années déjà… pour vous mettre à jour sur le thème des conservateurs, je vous invite à consulter la série d’articles consacrés par la très systématique et prolifique Bluetansy au thème de la conservation (voir les liens qu’elle propose en fin d’article pour la série complète).

C’est une lectrice, Sylvie, qui m’a mise sur la piste d’une importante confusion entre agents de conservation et antioxydants en m’écrivant récemment à propos du benjoin, référencé comme un conservateur de cosmétiques naturels à plusieurs endroits et que j’avais utilisé dans un de mes produits en suivant une proportion suggérée dans un de mes livres de beauté naturelle. Vérification faite suite au message de Sylvie, le benjoin est listé comme par l’International Fragrance Association comme un produit à utiliser dans une proportion maximale de 0,6% d’un mélange, car il peut mener à une sensibilisation de la peau.

Outre la question de la proportion (réglée illico en mettant ma petite crème à la poubelle, et en me promettant de quadruplement vérifier mes sources désormais), je me suis intéressée de plus près à la valeur réelle des conservateurs naturels.

Il en résulte qu’on attribue faussement des propriétés de conservation à des produits qui sont en fait des antioxydants. Fidèle à mes sources, c’est une confusion que j’ai moi aussi entretenue et reproduite plus d’une fois en utilisant par exemple l’huile de germe de blé ou l’extrait de pépins de pamplemousse en croyant, à tort, que je prolongerais la durée de vie de mes produits.

Eh bien non. Il n’existerait malheureusement aucun agent de conservation entièrement naturel, du moins aucun qu’on puisse utiliser de manière sécuritaire. Par exemple, l’extrait de pépins de pamplemousse si souvent cité n’aurait apparemment pas résisté aux tests qu’on lui a fait subir: zéro, niet, aucune propriété de conservation là-dedans. La vitamine E est utile pour prolonger la durée de vie des produits en empêchant les huiles de rancir, mais n’a aucun effet sur les bactéries, qui peuvent joyeusement proliférer à volonté dans nos petits produits à notre insu. Quant aux huiles essentielles ou autres produits (comme le Benjoin) dont certains ont effectivement des propriétés bactéricides ou fongicides, pour qu’ils préservent adéquatement, il faudrait les utiliser en des proportions dangereuses pour l’application cutanée.

En somme, pour empêcher toute prolifération de bactéries, mycètes (champignons) et levures, il n’y aurait donc que deux possibilités entre lesquelles choisir selon que vous priorisez le «tout-naturel» ou la durabilité:
Si vous voulez créer des produits entièrement naturels: Il faut considérer nos crèmes et autres produits faits maison comme des produits de consommation courante. Tout comme on ne mangerait pas d’un produit sans agent de conservation laissé sur le coin de la table pendant trois semaines, il ne faut pas se tartiner d’une crème gardée dans les mêmes conditions! Désormais, je conserve mes petits produits de beauté sans additifs au réfrigérateur et, s’il en reste après deux semaines, je les jette :-(
Si vous voulez prolonger la durée de vie de vos produits: Tout produit qui contient de l’eau, ou dans lequel de l’eau peut être introduite en cours d’usage, a besoin d’un agent de conservation pour être protégé efficacement des bactéries, des mycètes et des levures. La seule solution consiste à recourir à de véritables agents de conservation tels que le Germaben II, le Germal Plus (ou autres). Voici un site utile pour vous aider à choisir les conservateurs qui conviennent à vos besoins. Par un étonnant coup du hasard, quelques jours avant la réception du message de Sylvie, Catherine et moi avions passé une commande conjointe chez Essence Supply pour du Germal Plus, avec lequel nous voulions expérimenter sans savoir encore à quel point il était essentiel à nos mélanges. Pour la quantité à utiliser, j’ai trouvé ce très utile calculateur d’agents de conservation.

Ouf! Cet article résume l’état de mes modestes connaissances sur le sujet et sera mis à jour au fur et à mesure de mes recherches… et de vos commentaires ;-)

Sources:
· International Fragrance Association
· All about preservatives, sur Green Mountain Essentials
· Irritants and Sensitizers, sur Elaine’s Aromatherapy
· Usage Guide to Cosmetic Preservatives & Anti-oxidants, sur Snowdrift Farm
· Sylvie (qui m’indiquait par ailleurs n’avoir entendu que du bien à propos du livre Preservatives for cosmetics de Steinberg.)

Commentaires

  1. Eh ben ! C’est ce qu’on appelle faire éclater un mythe au grand jour :-(

    D’autant plus que l’Extrait de Pépins de Pamplemousse (GSE) et l’Oléorésine de Romarin (ROE) coutent assez cher merci.

    Dans son livre, « The Natural Soap Book », Susan Miller Cavitch propose l’ajout de GSE dans toutes ses recettes.

    Lorsque j’ai suivi mon cours chez Bella Pella l’hiver dernier, on nous a proposé le GSE comme anti-bactérien pour les recettes contenant de l’eau et le ROE pour empecher les huiles de rancir.

    Visiblement, plus d’expérimentation s’impose !

    Heureusement qu’on aime ca !

  2. D’après ce que je lis, Maryse, le ROE (avec lequel je n’ai personnellement pas expérimenté) est en effet un anti-oxydant (donc à utiliser, comme la Vitamine E, pour empêcher les huiles de rancir).

    Quant au GSE, ce que je comprends en lisant l’article déjà cité c’est qu’il peut en effet être efficace… mais non pas à cause de ses propriétés propres, mais parce que certains GSE sur le marché comportent eux-mêmes des agents de conservation: «It seems to us at WellVet.com that the entire effectiveness of grapefruit seed extract is due totally to the presence of the preservatives, and the grapefruit seed extracts have no antimicrobial effects on their own.»

  3. Merci de vos bons mots, Laetitia! N’hésitez pas à venir vous inscrire et à participer dans le forum « les voisins » (cliquez sur le deuxième lien en haut de page)… vous y découvrirez quelques autres passionné(e)s comme nous avec qui échanger trucs et recettes de crèmes, baumes, savons, etc.

  4. sylvie tellier

    comment faire pour ajouter de la vitamine C dans une crème hydraatante pour le visage.

  5. sylvie tellier

    comment faire pour ajouter de la vitamine C dans une crème hydraatante pour le visage.

  6. Amandine

    Moi j’utilise de l’eau la plus pure possible et de la Glycerine (en faible quantité). Pas d’infos sur la Glycerine ? On m’avait parlé du Borax aussi.

  7. samyjo

    bonjours à tous.
    Je suis une débutante dans le domaine de fabrication maison mais cela ne cesse de me plaire.
    doit-on insérer un agent de conservation dans la fabrication de savon?
    Si oui, lequel, je suis complètement perdue…
    J’ai déjà fait qq savons à base de karité et d’huile de coco et je ne sais pas combien de temps seront-ils bons.
    Merci, Merci.

  8. cathia

    Sur http://www.copaiba.be, il y a plein d’infos sur les ingrédients dans les fiches techniques. Elles ne sont pas encore toutes là, mais regardez par exemple celle de la crème outremer : c’est clair, intéressant, précis. Une adresse à retenir !

  9. cathia

    A propos des cosmétiques naturels suisses de Laetitia Ravey (20/11/2003):

    Je google « acide borique », et qu’est-ce que je trouve dans les réglementations:

    Acide borique (INCI: Boric acid) (10043-35-3) et ses sels
    La teneur ne doit pas dépasser 5 %. Une mise en garde du type suivant doit apparaître sur l’étiquette:
    « Ne pas utiliser sur de la peau éraflée ou abrasée. Ne doit pas être utilisé par des enfants de moins de 3 ans. »
    La mise en garde n’est pas requise lorsque l’acide borique est utilisé comme correcteur d’acidité, à des teneurs inférieures à 0,1 %

    Super ! Me voilà rassurée !

    Quant à l’alcool, j’en avais déjà « discuté » avec le pharmacien Milis de Copaiba http://www.copaiba.be, et il m’avait démontré* que l’alcool, dès 0.5%, était fort irritant.
    *Je ne le croyais pas, et il m’a fait une lotion visage pour que je teste moi-même eau – allantoïne 0.5% – glycérine 3% – alcool 0.5%; je l’ai appliquée chaque jour avec un coton, et après 10 jours, j’avais des tas de plaques rouges irritées !
    D’autre part, l’alcool ne mérite le titre de conservateur anti-microbien qu’à des concentrations supérieures à 8%.