Depuis qu’elle a rencontré sa première cocotte dans un pot-pourri de ma chambre, ma petite entretient une passion dévorante à leur égard. Dévorante? C’est le cas de le dire: «Pas dans la bouche! On sent avec le nez», devions-nous lui rappeler, à tout moment.

Le jour où elle a découvert que notre terrain, où poussent de grands et majestueux conifères, était bourré de cocottes, elle ne se pouvait plus de bonheur. Respectant la consigne, elle en a senti plusieurs avec le nez, semblant les trouver nettement moins odorantes que celle de la chambre… mais ça n’a en rien diminué la passion qu’elle leur porte. Dès qu’on sort, elle court vers le petit sous-bois ramasser des cocottes.

Jusqu’ici, les cocottes au sol étaient celles tombées l’an dernier, brunies, vieillies, à moitié mangées par les écureuils… Ce que je ne réalisais pas, et que j’ai découvert malgré moi hier, c’est qu’on trouve aussi de belles cocottes vertes et fraîches de l’année, qu’on adore sentir avec le nez car elles sont nettement plus odorantes… et si elles sont plus odorantes, c’est en partie parce qu’elles sont pleines de GOMME DE SAPIN!

Fanny [regardant sa main, dégoûtée]: Ouiiiiiiiiiiiiiiiiiiin!
Moi: Hon, tu es toute gommée! Viens ici, maman va enlever ça…

S’en est suivi un peu de frottage, qui a eu pour tout effet de me rendre les mains aussi collantes que les siennes. J’ai tendu la petite à mon doux (pratique, un conjoint qui travaille à son compte, de la maison), déclarant que j’allais demander conseil à Google, qui a lui-même cherché du côté de TrucsMaison.

J’ai essayé le savon, le sucre (vanillé, très chère, c’est tout ce que j’avais sous la main), et bien d’autres choses encore: rien n’y a fait. Entre chacune de mes tentatives infructueuses, la petite refermait la main pour évaluer mes solutions et, indignée d’avoir encore les mains collantes, se remettait à hurler de plus belle.

A posteriori, je réalise que j’aurais simplement dû lui ouvrir son carré de sable… Mieux que le sucre, le sable aurait exfolié la gomme de sapin, et dans la joie, à part de ça! Mais hier, on n’était pas a posteriori, on était en pleine gestion de crise. J’ai opté pour la solution la plus rapide et facile de calmer le jeu: j’ai dégrafé mon soutien-gorge et offert le sein.

Peu à peu, les pleurs se sont calmés. On la voyait encore tressauter entre deux gorgées, mais elle était de plus en plus détendue. Ses mains se sont décrispées, pour enfin reposer mollement sur moi. Elle a bu, bu, bu, et a sombré dans un profond sommeil. La scène était idyllique, on en oubliait que cette petite boule toute chaude était un bébé hurlant quelques minutes auparavant.

Attendrie, j’ai voulu aller la porter dans sa bassinette. J’ai levé délicatement son petit bras. En fait, j’ai essayé. Mais j’ai rencontré de la résistance à l’extrémité… et j’ai découvert du même coup un truc infaillible pour enlever la gomme de sapin collée aux petites mains!

Rappelez-vous de ces stands qu’il y avait dans les centres commerciaux dans les années quatre-vingts, où on apposait des collants de KISS, de licornes et de pierrots sur des chandails en coton ouaté… Eh bien, suivant le même principe, voici ma technique:
1. Trouvez une manière de calmer bébé (le sein est un atout majeur, mais on peut certainement y arriver avec un biberon, une berceuse ou beaucoup de bonne volonté);
2. Posez la petite main collée sur vos vêtements;
3. Laissez bébé se détendre et même s’endormir, la température de son petit corps s’élevant de quelques degrés, et sa main devenant toute moite;
4. Pressez subtilement, mais fermement, la main contre vos vêtements;
5. Retirez délicatement la main, bien propre, et admirez la magie par laquelle la gomme de sapin a été transférée sur votre chandail.