En dix-huit mois sur Terre, ma petite n’avait jamais connu la maladie. Oh, elle a bien eu un peu de congestion nasale pendant 24h l’hiver dernier, mais rien pour écrire à sa mère, comme on dit. Quoi que… j’ai bien dû l’appeler, ma mère, mais ce n’est pas là l’objet de ce billet.

Bref, la petite n’avait jamais été malade. Jusqu’à ce samedi. Congestion, fièvre, éternuements, râlements, petits yeux rouges et bouffis: un vrai, un authentique rhume.Vous connaissez la maxime: un rhume qu’on ne soigne pas dure sept jours, un rhume qu’on soigne dure une semaine. La semaine allait être longue, je le savais. J’étais prête à sacrifier mes nuits. J’étais prête à tout, même à servir tour à tour de réconfort et de mouchoir humain. À tout, vous dis-je.

Que je croyais.

Mais je n’étais pas prête à ce qui s’est passé hier…

Retour du boulot au J3 des désagréments, je retrouve une petite encore affectée par la maladie, amorphe, un brin geignarde… pas de surprise. Il y en avait encore quatre autres devant, je le savais.

Lorsque soudain, en soirée, un premier éclat de rire est venu briser la grisaille. Et puis un autre. Et encore un autre. Je ne vous parle pas d’un simple petit début de commencement d’espoir de signe de rémission: il y avait devant nous une petite fille en pleine forme et en parfaite santé. Alain Choquette serait passé par notre salon qu’il n’aurait pas fait mieux: vous voyez un bébé malade, je le place dans la boîte, abracadabri abracadabra, et puis hop! On ouvre la boîte… Qu’est-ce qu’il y a dedans?

Rien. Rien de rien. Rien pantoute. Bébé pus là. Parce qu’un bébé pétant de santé, ça ne reste pas dans une boîte. Surtout après trois jours passés sur le pilote automatique.

Elle m’a fait penser à ces petits jouets à remontoir, qu’on crinque, qu’on crinque et qu’on crinque: quand on lâche le piton, ça part en fou, ça «spinne», c’est plus arrêtable. C’est comme si la maladie l’avait crinquée pendant trois jours, et que le bref moment de bien-être avait fait lâcher le piton, et elle «spinnait» à fond. Nos yeux n’arrivaient pas à suivre le mouvement, mais à l’oreille, on entendait son fou rire passer à toute vitesse de la cuisine au salon aux chambres au salon à la salle à manger à la cuisine autour de l’îlot tourne tourne tourne tourne tourne tourne tourne tourne au bureau à la cuisine autour de l’îlot tourne tourne tourne tourne tourne…

Prête à tout, que je vous disais, mais vraiment pas à ça.

Vient l’heure du dodo. On fait le rituel en riant. On interrompt dix fois le brossage des dents pour cause de fou rire. On arrive à grand peine à lire l’histoire. On fait une tentative de la mettre dans la bassinette. 20h. 21h. 22h. Rien à faire: une étincelle dans son regard, un sourire éclatant, l’air de nous dire qu’il fallait rattraper tout le temps perdu avant de fermer les yeux. J’étais épuisée avant elle, et c’est en me couchant que j’ai finalement réussi à la convaincre que ce n’était pas une mauvaise idée de m’imiter. Il a fallu encore quinze bonnes minutes de rigolade sporadique avant d’y arriver…

Bref, j’en arrive à l’objet de ce billet. C’est un modeste conseil aux parents de ce monde, qui sont comme moi prêts à se dévouer corps et âme pour aider la chair de leur chair à passer à travers une grosse semaine de rhume: gardez donc une petite réserve d’énergie quelque part.

Vous pourriez en avoir besoin plus tôt que prévu!