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Banlieusardises

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Lapin à l’érable

Martine Gingras

Ce n’est pas mon interprétation la plus réussie du lapin. Je ne suis pas particulièrement fière de mes photos non plus (cette idée, aussi, de rédiger une recette après être allée faire un tour sur Le Carrefour!) Mais je ne peux pas ne pas vous en parler, parce que l’animal était un généreux cadeau d’une blogueuse, JulieJulie (mieux connue sous le nom de Julie-aux-cinq-enfants). Oh, bien sûr, celle qui me l’a offert parle plutôt d’un échange, mais je vous laisse juger: quand on part avec dix petits plants de tomates sous le bras, et qu’on revient avec un lapin et une douzaine d’œufs frais dans la glacière, est-ce qu’on peut encore dire que c’est un échange? Il ne me reste qu’à espérer que mes plants seront productifs, pour lui remettre un peu de tout ce qu’elle nous a donné!

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L’idée de manger du lapin a un peu surpris ma grande. Surtout quand on lui a dit que c’était un cadeau des amis qu’on avait vus ce dimanche. Elle avait vu de vrais lapins dans leurs clapiers, alors elle a immanquablement commencé à faire des liens…

Ma grande (avec un air de vous-ne-me-ferez-pas-marcher): Des lapins, ça ne se mange pas!
Maman banlieusarde (qui se demande si elle est prête à aborder cette question): Mais si, ça se mange! Toute la viande qu’on mange vient des animaux.
Ma grande (avec un air de dites-moi-que-ce-n’est-pas-vrai): Oui, mais pas les lapins, hein?
Maman banlieusarde (qui décide que la vérité crue peut attendre encore un peu): C’est vrai, pas les lapins (et plus bas) en peluche.

Ouf. Je n’ai pas menti. Juste reporté à plus tard une discussion sur le comment du pourquoi mange-t-on les animaux, surtout quand ils sont doux et mignons. Mais mon esprit, lui, a continué à vagabonder sur ce thème.

On dit souvent qu’acheter des produits locaux est un geste écologique parce que la nourriture voyage moins, mais ça l’est aussi parce que de connaître l’origine de ce qu’on mange nous incite à consommer autrement. Bien sûr, j’évite toujours de gaspiller la nourriture, mais j’ai trouvé que le fait d’avoir vu où mon lapin avait été élevé, de savoir qu’il avait été soigné et nourri par une amie, tout ça incitait à encore plus de respect. Si on en savait un peu plus sur la viande qu’on achète, si elle était un peu moins désincarnée, on en consommerait sûrement beaucoup moins, et quand on le fait, on la mangerait en sachant à quel point elle est précieuse…

L’esprit de ma grande aussi a dû vagabonder, car une fois à table, le déni a fait place à une déclaration unilatérale d’appréciation: «il est bon, le lapin des amis, maman!», répétait-elle en dégustant chaque bouchée… Elle n’a pas été dupe de ma diversion, on dirait!

Mais revenons-en à nos moutons. Ou à notre lapin. Il n’était pas question de perdre le plus petit morceau de viande — voir la recette ci-bas — et même ses os ont servi à faire le plus délicieux des bouillons! Merci d’ailleurs à Vincent le ri-canneux, chez qui j’ai abouti alors que je me demandais si du bouillon de lapin, ça se pouvait

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La recette, maintenant. Le doux de JulieJulie m’avait recommandé de privilégier une cuisson à la mijoteuse pour éviter de me retrouver avec une viande sèche et coriace. J’ai donc sorti la cocotte de terre cuite — qui fait une cuisson semblable à la mijoteuse –, et j’y ai déposé la bête simplement badigeonnée et arrosée en cours de cuisson, en me disant que la vapeur d’eau emmagasinée dans la terre cuite suffirait à faire une viande tendre et savoureuse. Erreur: il aurait sans doute fallu que la viande mijote dans un peu plus de liquide, car le résultat n’avait pas la tendreté escomptée. Mais je prends des notes, et je diffuse quand même la recette-à-améliorer, car qui sait? Peut-être que JulieJulie aura encore besoin de plants de tomates l’été prochain ;-)

Recette

Ingrédients

· 1 beau lapin de 2,91 livres
· 1 c. à table de moutarde de Dijon
· 1 c. à table de miso
· 1 c. à table d’huile d’olive
· 5-6 c. à table de sirop d’érable
· 50 ml de bouillon de poulet
· Fleur de sel (pour servir)

Préparation

· Faites tremper la cocotte de terre cuite dans l’eau pendant une vingtaine de minutes et ne pré-chauffez PAS le four;
· Mélangez la moutarde, le miso et l’huile d’olive et badigeonnez le lapin que vous déposerez ensuite dans la cocotte;
· Versez un peu de bouillon de poulet au fond de la cocotte et la moitié du sirop d’érable sur le lapin, couvrez et mettez au four, à 325 F pendant 3h;
· À mi-cuisson, retournez le lapin, versez dessus le reste du sirop d’érable et enfournez de nouveau;
· Découpez en pièces individuelles et servez la viande avec un coulis de sauce et parsemée de fleur de sel.

Pour le bouillon de lapin, j’ai fait comme pour le bouillon de poulet ou le canard: j’ai simplement mis les os dans une grande casserole avec du céleri, des carottes et de l’oignon, j’ai recouvert d’eau et laissé mijoter pendant 2h, pour ensuite passer le bouillon.

Merci encore pour tout, JulieJulie!

Commentaires

  1. Bien heureuse de voir « noireau » sur ton site! Probablement que ta recette exclusivement à la mijoteuse ferait un succès, je vais l’essayer avec notre prochain lapin.

    Ici, aussi, on a appréhendé le moment où les enfants diraient, ah non, on ne mange pas « rayon de lune », ça ne se mange pas. Puis finalement, ils ont tellement aimés le goût qu’ils se sont mis à apprécier de manger leurs lapins.

    Et la prochaine fois, je te fais un échange avec un gros poulet!(ou encore les nouveaux amis de l’homme arrivés hier, perdrix, pintades ou faisans!)

  2. Aaaaaaaaaaaaah ! C’était pour manger !!!! Aaaaaaaaaaaaaaaah !

    J’avais comme cru un instant que vous aviez acquis un nouvel animal de compagnie !!!

  3. Je me demandais aussi si la fourrure de Noireau était encore après ;-)

    Et ses oeufs.. Mmmmmm Tellement dommage qu’elle reste si loin JulieJulie!!

  4. Iris

    Bonjour Martine,

    J’ai aussi mangé du lapin récemment, mais grillé à la broche au BBQ… je te le recommande!! Farci avec un mélange de chair à saucisse, de pommes râpées, d’herbes et d’un alcool au choix, et huilé / frotté d’herbes sur la peau. Un vrai délice!

  5. leloup

    Ma grande du même âge a eu une pensée similaire en écoutant une chanson de Shylvi où il est question d’une panthère qui mange je sais plus qui.
    Riant en croyant que la chanson se voulait drôle: « Ben non, on mange pas des animaux, on mange de la nourriture. »

    On était en voiture, on s’est juste dit qu’on aborderait la question un peu plus tard.

  6. Ma grand-mère élevait, tuait et préparait des lapins et chaque année, à Noël, nous mangions « Noireau », « Ti-pit » ou « Coco » en sauce blanche (ou brune). C’était très bon, mais j’avais toujours le coeur gros je n’ai jamais été capable de me résigner à en manger de nouveau dans ma vie adulte. Pour moi, de connaître le petit nom de la bête et même de connaître sa « famille » d’accueil m’empêche de le manger. En fait, dans le cas d’un lapin, la forme même de l’animal est un frein à sa consommation. C’est comme si on me demandait de manger un chat!

    Je me contente donc du poulet, du poisson, du boeuf et occasionnellement, du porc, du veau ou de l’agneau ou du canard.

    Je ne dois vraiment pas m’arrêter à l’origine de l’animal ou même me concentrer sur le fait qu’il s’agit d’un animal….sinon j’achète du tofu!

  7. Me remettant enfin d’une grippe qui m’a semblé durer une éternité, je suis venue me réconforter en lisant ce que j’avais manqué chez mes blogueurs favoris. Ton gentil clin d’oeil vient de me remonter le moral d’un cran, merci!

  8. Ici, toute la famille (sauf moi) a été affecté par un rhume qui attaquait surtout la gorge, avec fièvre en prime. Soigner des enfants malades, combattre une fièvre par cette chaleur, c’était quelque chose. S’il avait fallu que ce soit une grippe… pfff! Tu as toute ma compassion. Bon retour à la santé!